Don
Jour si heureux.
Le brouillard était tombé tôt, je travaillais au jardin.
Des colibris s'arrêtaient au-dessus de la fleur du chèvrefeuille.
Il n'y avait rien sur cette terre que j'aurais voulu posséder.
Je ne connaissais personne qui aurait valu d'être envié.
Le mal qui était advenu, je l'oubliais.
Je n'avais pas honte d'être celui que je suis.
Je ne sentais dans mon corps nulle douleur.
En me redressant, je voyais la mer bleue et les voiles.
Czeslaw Milosz, Poèmes, traduction du polonais par Josef Kwaterko et Robert Mélançon, dans la revue Liberté, Montréal, Mai-Juin 1981