Football à Slack
Dans un plongeon de vallées, au dos nu d'une colline
Des hommes bariolés de couleurs
Bondissaient, comme bondissait leur ballon gonflé.
Le ballon gonflé sautait, les hommes aux couleurs joyeuses
Giclaient comme l'eau pour le frapper de la tête.
Le ballon fila dans le sens du vent-
Les hommes caoutchouc bondirent à sa poursuite.
Le ballon rebondit en l'air puis au sol puis plana dans le vent
Au-dessus de l'abîme des cimes.
Alors tous crièrent d'un seul homme et le ballon revint vers eux.
Les vents soufflants par les trous enflammés du ciel
Entassaient l'assombrissement des collines autour d'eux
Pour les impressionner. L'aveuglante lumière
Mixait ses huiles folles, jetait son ombre noire.
Puis la pluie abaissa sa presse de métal.
Cheveux collés au crâne, eux foulaient l'eau
En mares étincelantes. Leurs cris montaient dans l'air
Fins et minces, lavés et joyeux
Tandis que le monde recroquevillé s'affaissait et coulait
Et que les vallées bleuissaient impensablement
Sous la profondeur de la dépression atlantique-
C'est alors que les ailiers bondirent, pédalèrent dans l'air
Que le goal vola à l'horizontale
Et qu'un nouvel holocauste d'or
Souleva le bord d'un nuage pour les contempler.
Ted Hughes, Vestiges du royaume d'Helmet dans New selected poems 1957-1994, traduit de l'anglais par Jacques Darras. Editions Gallimard 2009