Surgi des halliers de la Chabrières, de nulle part...

Publié le par Fred Pougeard

Surgi des halliers de la Chabrières, de nulle part...

Surgi des halliers de la Chabrières, de nulle part,
peut-être, ou bien du soir, un chevreuil. Bois d'or,
broche des andouillers déchirant le crépuscule : sang
d'ambre et de miel clair coulant des quatre griffures.

Il s'est arrêté sur le layon, découvert. Profil
épuré d'une image. Il me scrute dans une ratée
du temps. Son oeil, impitoyablement profond,
jette dans mon regard une parole silencieuse,
plus fine et pointue qu'aiguille de dentellière.

Il n'est plus là, tout à coup, et l'ombre et le silence
masquent sa fuite.

Je sais maintenant que je vais mourir. Je le sais
désormais à cause des bois d'or, de la blessure
dans la lumière à son jusant, du vide énorme
de cette parole qui ne saurait être proférée.

Bernard Blot, Le silence. Editions La fidelienne (200?)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :