L'éternel soleil
Ils sont couchés là-bas. Ils épousent la courbe du sol. Ils s'étendent profondément. Ils dorment.
A ras de terre épandues ses ramures, quel arbre, quelle plante ? Et quel coeur qui respire au rythme de ces corps ?
Au moment du réveil chaque aube semblait vierge et l'éternel soleil flamboie son premier jour.
Nous les avons aimés si merveilleusement ! Peut être un jour lèveront-ils comme la pâte où germe l'antique levain.
Peut-être prendront-ils la forme du destin. Nous les avons aimés si minutieusement...
Attendaient-ils quel signe ? Ou l'appel de leur nom pour se délier du sol, pour séparer la terre de la chair ?
Au moment du réveil, chaque aube semblait vierge et l'éternel soleil flamboie son premier jour.
Nous les avons aimés d'une longue patience, à chacun préférant son visage et sa joie, à chacun sa naissance.
Ils sont couchés là-bas. Ils dorment. Un mouvement parfois semble courir sur les moissons, une ombre sur la mer.
4 septembre 1970
Marcela Delpastre, L'Araignée et la rose et autres psaumes (1969-1986) Edicions Dau Chamin de Sent Jaume, 2002
Photo : Charles Camberoque