En nous longuement...
En nous longuement résonnent les mots,
légers, parce que des pans filés d'amours
moribondes, aux yeux détournés, dévoilent
d'intenses souvenirs en partage
et cela semble assez pour se convaincre
que nous ne sommes pas devenus seuls désormais
Mais c'est à peine plus que lorsque nous sommes allongés
dans des prés de banlieue ou de campagne,
la bave acerbe suçant le brin d'herbe
serré entre les dents, lorsque nous scrutons
la profondeur des cieux, dans l'illusion
d'exister, d'être nous-même la terre,
de demeurer une part de l'immense,
à présent que nous allons, l'un de l'autre détaché
Savoir que ce ciel appartient à chacun,
cela seul redonne courage ; parce que nous, qui sommes
de ce côté, ce sont toutes mêmes couleurs azuréennes
que nous voyons, semblable odeur de terre mouillée
que nous sentons, chauffée de soleil et de l'âcre sueur
des miasmes de notre chair.
Que pareils souffles de brise nous effleurent,
que pareils vents impétueux nous ébranlent
qui, dans leur course des longs espaces au-dessus de nous,
les nouent en panache dans leur souffle,
comme un bien commun, sombres (demeurent)
nos âmes, jusqu'à ce qu'il y ait, confiante,
au moins une humaine conscience pour scruter
l'infini de ce firmament silencieux.
Achille Chiapetti, extrait de L'inafferabile presente (Le présent hors d'atteinte) Traduction © Valérie Brantôme, 2016
Merci à Valérie Brantôme pour cette traduction publiée sur son https://enjambeesfauves.wordpress.com
Photo Fred Pougeard, Vers Charleville, 14 sept 2017 à 13h