Peut-être jeunesse n'est-elle...
Peut-être jeunesse n'est-elle que cet
amour sans fin des sens, et ne rien regretter.
*
Traverser un village... et là voir
de calmes enfants s'éveiller à un souffle
de musique et danser. S'éloigne
leur forme ou leur couleur : un songe. Vivante reste
la douce persuasion d'une trame
serrée d'amour qui inquiète le monde.
*
Amour en aumône, solfège.
Oh lumière de midi sans un signe.
Renaîtra plus tard, riche d'ailes
l'incendie des souvenirs personnels.
*
Chaste il s'en va, et sage tourne
loin de son travail et des portes.
Ô le soudain amour qui parfois
fait pleurer un homme contre un mur ou la nuit.
*
Au monde existe-t-elle encore la beauté ?
Oh je ne dis pas le fin visage.
Mais à la gare tout plein d'ébriété
le garçon les yeux vers ses lointains rivages.
***
Forse la giovenezza è solo questo
perenne amare i sensi e non pentirsi.
*
Traversare un paese... e li vedere
cheti fanciulli ridestari a un soffio
di musica e danzare. S'allontana
forma o colore : un sogno. Viva resta
la dolce persuasione di una fitta
rete d'amore ad inquietare il mondo.
*
Amore in elemosina, solfeggio.
Oh luce del meriggio senza un cenno.
Ritornerà più tardi, ricco d'ali
l'incendio dei ricordi personali.
*
Se no va tutto casto, e savio svolta
lungi dal suo lavoro e dalle porte.
O l'improviso amore onde tavolta
lacrima un uomo contro un muro o notte.
*
Esiste ancora al monda la bellezza ?
Oh non intendo i lineamenti fini.
Ma alla stazione carico di ebrezza
il givane con gli occhi ai suoi lontani lidi.
Sandro Penna, Croce e delizia, Croix et délice et autres poèmes (1927-1977). Suivi de Le monde poétique de Sandro Penna, contributions de Natalia Ginzburg, Amelia Rosselli et Pier Paolo Pasolini. Traduit de l'italien par Bernard Simeone. Ypsilon editeur 2018
Photo : Sandro Penna et Pier Paolo Pasolini