Les péripéties de la Création

Publié le par Fred Pougeard

1
 
Je tends
La main dans la brume
Pour m'appuyer à la vie
 
Par des rochers des passerelles
Je descends des cimes des montagnes
Je descends vers les cours chaulées de la plaine
             pour me réjouir du silence de la plaine choisie
 
Je viens —pèlerin—  des grandes traditions
Où les parents sont plus proches que les dents
Où les mots peuvent redevenir des gens de lumière
              rayonnant de lumière
Où la vue à elle seule suffit pour assouvir les désirs de la chair
Et les enfants de lumière naissent —de la Lumière— par l'amour seul
Je viens aux cours chaulées —couche de lumière nouvelle sur
              couche de lumière ancienne—
Je viens aux cours où la robuste Obscurité monte la garde une boucle
              d'oreille luisant à l'oreille
Je viens admirer les pièces parées d'icônes miroirs tableaux
Représentant roues et papillons cieux escaliers et halos
 
2
 
Aux cours fraîchement chaulées c'est la fête
Mère Mélanie —frêle distinguée aveugle—
Me dit : "Tu es un enfant sans péché Ton corps et ton âme
                 sont purs—
regarde dans l'œil de la lampe sacrée et le visage du Saint du jour
                 prendra contour..."
 
Ici —dans la petite pièce aux icônes à la place de fenêtres—
Où la parole du ciel tient lieu de fortune et de parure de dot—
Mère Mélanie —frêle et droite comme une chandelle—
Atteint par sa flamme l'état d'illumination
 
Ici —où de l'argile durcie sortent de hauts brins d'herbe
Où les anges se penchent pour boire —comme de la rosée— le myrte de
                 la lampe sacrée
Mère Mélanie —elle-même une petite icône au visage lumineux—
Amplifie ma vie jusqu'au majestueux
 
3
 
J'entrouvre la porte Je regarde le tapis de la grande demeure
représentant les hommes de la tribu un jour de chasse glorieuse
Armés de bâtons d'arcs et d'harpons —les ancêtres chassent
La Lumière comme un animal préhistorique et les blessures étincelantes
De La Lumière traquée tremblotent couvent saignent...
 
Devant la bouche de la grotte le soir tombe le soir tombe
 
Teo Chiriac, Le Monstre Sacré (Les Escaliers de Teo) 2009, cité dans la revue Poésie/première, n°66 Décembre 2016 Dossier Poésie de la République de Moldavie. Traduit du moldave par Doina Ioanid et Jan H.Mysjkin
 
 
 
 
 

 

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