La voie nomade

Publié le par Fred Pougeard

Ô rompre les amarres
Partir partir
Je ne suis pas de ceux qui restent
La maison le jardin tant aimés
Ne sont jamais derrière mais devant
Dans la splendide brume
Inconnue.
 
(...)
 
Endormez-vous mes terres
Mes atlantides endormez-vous
Je garde en moi l'appel

Ébloui des rivières

J'emporte la flûte

Ardente de tous les chants

 

Je sais que la nuit sera longue

Et que le froid me brûlera

Les yeux que le scorpion me guette

En silence et que des chiens avides

Gardent la porte du jour

 

Peut-être qu'à la fin du jour

Se lèvera d'entre les harpes

La brise du désert

Plus ineffable que le rossignol

Et que seul peut entendre

le cœur intemporel

 

Si le temps me touche

Si la mort m'arrête

Alors que ce soit

D'un doigt éblouissant

 

Ce n'est pas l'ombre que je cherche

Ni l'humble signe

De la halte sous les palmiers

Tranquilles ni l'eau ni l'ange

Gardien d'oasis

Je cherche le chemin qui dure

Toujours toujours toujours

 

(...)

 

L'âme bleuie par le froid

Quelle surprise pour la mort

Qui l'ouvrira

D'y trouver la fraîcheur sucrée

De la figure mûre. 

 

(...)

 

Ce n'est pas 

au moment de mourir tous les cris

Déchirants de la terre que j'emporterai

Toutes les larmes non

Mais ce rire d'enfant comme un chevreuil

Qui traverse la foudre

 

(...)

 

Anne Perrier, La Voie nomade, La Dogana, Genève (1986), repris avec Le Livre d'Ophélie aux éditions Zoé (2018)

 

 
 
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