La voie nomade
Ébloui des rivières
J'emporte la flûte
Ardente de tous les chants
Je sais que la nuit sera longue
Et que le froid me brûlera
Les yeux que le scorpion me guette
En silence et que des chiens avides
Gardent la porte du jour
Peut-être qu'à la fin du jour
Se lèvera d'entre les harpes
La brise du désert
Plus ineffable que le rossignol
Et que seul peut entendre
le cœur intemporel
Si le temps me touche
Si la mort m'arrête
Alors que ce soit
D'un doigt éblouissant
Ce n'est pas l'ombre que je cherche
Ni l'humble signe
De la halte sous les palmiers
Tranquilles ni l'eau ni l'ange
Gardien d'oasis
Je cherche le chemin qui dure
Toujours toujours toujours
(...)
L'âme bleuie par le froid
Quelle surprise pour la mort
Qui l'ouvrira
D'y trouver la fraîcheur sucrée
De la figure mûre.
(...)
Ce n'est pas
au moment de mourir tous les cris
Déchirants de la terre que j'emporterai
Toutes les larmes non
Mais ce rire d'enfant comme un chevreuil
Qui traverse la foudre
(...)
Anne Perrier, La Voie nomade, La Dogana, Genève (1986), repris avec Le Livre d'Ophélie aux éditions Zoé (2018)