Why do I hate that lone green dell ?
A. G. A.
D'où vient ma haine pour ce vert vallon secret
Enfoui au creux des landes et des monts sauvages ?
C'est un site que je n'aurais que trop aimé
Si seulement je l'avais vu dans mon jeune âge.
Des os blanchissent là dans l'ardeur de l'été,
Mais telle n'est pas la raison, nul ne peut dire,
Non, personne, —un seul excepté— ne peut trahir
D'où vient ma haine pour vert vallon secret.
Noble ennemi, je te pardonne ta froideur
Tout de même que ton dédain et ta fierté,
Pour l'ami combien précieux que tu as été
Quand nul autre ne réjouissait mon pauvre cœur.
Appuyée à ton bras généreux, j'ai senti
Un jour des jours anciens me visiter,
D'une magie perdue la terre a resplendi—
Mais hélas, c'était l'oublier : j'avais changé.
Avant qu'un jour, qu'une heure se fût écoulée,
Mon âme une fois encore, s'est reconnue,
J'ai vu s"évanouir les nuages dorés
Pour me retrouver telle qu'avant leur venue.
9 mai 1838
*
Why do I hate that lone green dell ?
Buried in moors and mountains wild,
That is a spot I had loved too well
Had I but seen it when a child.
There are bones whitening there in summer's heat,
But it is not for that, and none can tell ;
None but one can the secret repeat
Why I hate that lone green dell.
Noble foe, I pardon thee
All thy cold and scornful pride,
For thou wast a priceless friend to me
When my sad heart had none beside.
And, leaning on thy generous arm,
A breath of old times over me came ;
The earth shone round with a long-lost charm ;
Alas, I forgot I was not the same.
Before a day —an hour—passed by,
My spirit knew itself once more ;
I saw the gilded vapors fly
And leave me as I was before.
May 9, 1838
Emily Jane Brontë, Poèmes. pp 50-53. Traduction de Pierre Leyris. Editions Gallimard 1963