Sur la pierre nue de ton nom
11 mars 81
Sur la pierre nue de ton nom
Notre amour retient
Un rayon de soleil
Dans le jardin d'un cimetière
Le rosier défend la vie
Dans ces mots écarlates
Notre rêve bat la mesure
Du temps.
13 mars 81
Je cherche le vitrail qui te dira toute entière
Et je sais maintenant
Que jamais je ne le réaliserai
Il est toi et moi
La vie et ta mort
Ma mort
Jour de fête et de désespoir
Visage et paysage
Forme ou couleur
Lumière vitale
Opacité de toute création humaine
Mystère du portrait qui devient l'oeuvre
Immortelle
Ecriture
Recherche désespérée
De l'être.
18 février
Faire un poème c'est jouer à faire de la lumière
Avec des couleurs
Rien ne permet de dire ce qui transparaîtra
De cet assemblage de mots
La réalité se transforme d'elle-même
Désastre
Morceaux de verre cassés
Ou source lumineuse
Un tout qui dit tout
Un tableau qui s'impose
Chaque élément a trouvé sa place
Et cela paraît simple
C'est même évident
Pour celui qui regarde
Il ne pouvait en être autrement
Ce trait cette couleur
Et je ne me lasse pas
De les regarder chanter
Je connais les phrases et les mots
Mais le poème se dit lui-même
Pourtant il a fallu ta main
Ta vie
Tu aimais jouer avec les mots.
Se piquer au jeu
Cette pointe d'humour devant sa vie
Personne n'est sûr de faire un six au bon moment
Faut-il faire un poème ?
Claude Bertrand, Ta main, Le vitrail copyright C.Bertrand Chamgsanglard 23220 Bonnat
Photo : Alfred Manessier, Terre assoiffée II, Huile sur toile, 1967, 162 x 116 cm. Photo Christian Demare © ADAGP, Paris 2014.