Au jour

Publié le par Fred Pougeard

Un grand plateau de mer de collines de vapeur
Se déroule à l'épaisse embrasure des bleus
Du haut : telle une idée de Chine intérieure
Se déroule une paix de soie et des villages
De zéphyr et parfois parmi le cours des âges
Ici et là un manteau d'ombres sur le cœur
 
Le rêve des odeurs de Dieu se lève
Le maître épouse l'épousée de son beau temps
Et des soleils secrets ont pour terme l'œil noir
A la profonde essence —au velours des déserts
A l'opale jusqu'à la corde de la mer.
 
RECUEILLEMENT
 
La chambre est blonde et profonde et la cime d'olivier pâle
Est dans le ciel encore plus pâle et l'automne sourit aux monts
Et je regarde en moi seul y trouvant au lieu du coupable
Une promesse de cristal et force d'adoration
 
Je regarde un village d'or et je pense un air sans un souffle
Je devine les mers là-bas je recueille mon cœur ici
Je songe un Christ en notre sang une plaie infinie et douce
Je songe un tonnerre divin dont tout le calme retentit.
 
Pierre Jean Jouve, Diadème, Mercure de France 1966, repris dans Diadème suivi de Mélodrame, collection Poésie/Gallimard
 
Illustration : Portrait de Pierre Jean Jouve (huile sur carton) par Claire Bertrand
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