Ultime Cose
TRAVAIL
Autrefois
ma vie était facile. La terre
me donnait fleurs fruits en abondance.
Aujourd'hui je défriche un terrain sec et dur.
Ma bêche
se heurte à des pierres, à des ronces. Je dois creuser
profond, comme qui cherche un trésor.
RAMIERS
Aux rails incurvés par où descend,
bleue, l'eau de pluie, ils réclament une gorgée,
une fraîcheur dans la canicule.
Ils pèsent
aux tracas juvéniles, à mon soir,
eux mes seuls voisins, et j'écoute cette
musique d'ailes à la fenêtre, je regarde
leur vie domestique, belle,
leurs luttes fratricides, ingénues ;
comme des gentilles créatures je les gagne
d'une offrande que je sais appréciée. La main
tendue est appel à tous les vols ; de petites
pattes rouges s'y agrippent ; des couleurs
d'arc-en-ciel se déploient. Oh qu'ils apportent
aux miens le bonheur, à moi-même, dans la demeure
aujourd'hui pour quelques
grains de maïs éparpillés devenue
maison visitée par les anges.
CAMIONNETTE
La camionnette qui au Lido, bleue et blanche,
traverse l'avenue —foule estivale
vêtue, comme elle sait, de belles couleurs —;
elle répand une chanson qui dans le cœur,
où est encore le bonheur l'amoureux écho,
entretient la musique des sphères.
De jeunes cyclistes, comme des papillons
à la lumière, se pressent autour d'elle. Et toi,
qui à la surface de la terre
marches depuis si longtemps, et qui te laisses
prendre, docile, à un mouvement de la vie !
***
LAVORO
Un tempo
la mia vita era facile. La terra
mi dava fiori frutta in abbondanza.
Or dissodo un terreno secco e duro.
La vanga
urta in pietre, in sterpaglia. Scavar devo
profondo, come chi cerca un tesoro.
COLOMBI
Alle curve rotaie che discendono
acqua azzurra piovana, un sorso chiedono,
un refrigerio nell'arsura.
Gravi
alle giovani noie, alla mia sera,
che li ho soli vicini, e ascolto quella
musica d'ali alla finestra, guardo
la loro vita famigliare, bella,
le loro lotte fratricide, ingenue ;
come vaghe creature a me li lego
con l'offerta che so grata. La tesa
mano è richiamo a tutti i voli ; rosse
zampine vi si apprendono ; colori
d'arcobaleno si spiegano. Oh ai miei
portino bene, a me, nella dimora
oggi per pochi sparsi
chicchi di granoturco diventata
la casa vistata da gli angeli.
CAMIONCINO
Camioncino che al Lido, azzurro e bianco,
attraversa il viale —estiva folla,
di bei colori, come sa, vestita —;
spande una canzonetta che nel cuore,
dove l'eco amorosa è ancora un bene,
la musica intrattiene delle sfere.
Giovanetti ciclisti, come al lume
farfalle, intorno gli vanno. Ma tu,
che sulla superficie della terra
cmmimi è tanto, e docile ti lasci
prendere a un movimento della vita !
Umberto Saba, Choses dernières/Ultime cose (1935-1943). Traduction de l'italien Bernard Simeone. Ypsilon Editeur 2020 (traduction déjà présente dans le volume Du Canzoniere, Orhée La Différence 1992)
Dessin : Pigeon ramier Lear Edward in Gould John, The Birds of Europe, 1832-1837