Soudain le jour...
Soudain le jour arrache la torpeur du lit
Soudain tu as hâte de couper d'avec ta nuit
Soudain il t'est impossible de rester couchée
Soudain tu coupes court à toute hésitation
En apparence tout redevient net
L'appel du lointain se rappelle à ton esprit
Tu veux en finir avec ta stagnation
Soudain le désert redevient asymptote
Et c'est d'abord ici que tu agiras
Quand là-bas s'annonce la chaleur à venir.
Le corbeau descend en planant
Sur la terre ensoleillée.
La gelée matinale fond en spirales
Les fleurs du pommier s'épanouissent layette
Dans la fraîcheur les arbres se secouent
La lumière ravive les sommets déglacés
En attente d'attiser les tisons de l'été.
La vigne sèche voit pousser les herbes folles
Qui grappillent du terrain entre les pierres
Autour du groseillier, au pied du néflier
Contre les pruniers de protection sûre
La terre couve encore son humidité
L'invisible fermente sous les sèves affleurantes.
Marion Lafage, Par chemins et calames, collection Poésie XXI, Jacques André Editeur 2022