Dans l'immobilité

Publié le par Fred Pougeard

Les tombes disloquées le long des haies taillées
jetaient leurs noms français dans le silence et la
touffeur un peu salée d'un Sud aimant le soir
les mousses laissaient traîner
leurs voiles fantomatiques de veuves disparues
dentelles de la mort des pauvres de l'exil
ici avaient régné l'abandon le viol et le carnage
la fièvre avait jauni des yeux lassés d'attendre
et maintenant la douceur de province oubliée
s'emplissait à sept heures d'une folie d'oiseaux
d'un essaim d'ailes et de chants qui tournait sur la ville
​​​​​​​il fit chaud et musical in Louisiana
les aréoles noires et les chairs roses depuis longtemps avaient
                                                                                           mêlé
la fureur de leurs feux dans leurs couches confuses
et ce parfum de sueur sur la chaleur des choses
alors parmi
l'exacte vérité des secondes et des fleurs excessives
on pensait dans le ciel rouge à la vanité des combats
quels qu'ils soient tandis
que le regard des vieux noirs s'emparaient de vos yeux
​​​​​​​au fond de vos querelles dans l'immobilité.
 
Jean Pérol, Histoire contemporaine, poèmes 1977-1981 Editions Gallimard 1982
 
​​​​​​​Photo anonyme : petit cimetière rural non identifié, peut-être  dans la baie de Barataria, sud est de la Louisiane (Source : Louisiana Digital Library)
 
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