Pas d'échéance
Pas d'échéance pour l'homme trempé dans la parole
Car la vie roule et hurle
Plus folle que l'étreinte de la mort
Plus fiévreuse que les cils du soleil
Elle peut venir demain sursauter dans ma case
Chasser la peine plaquée sur ma peau
Illuminer ma cabane naufragée
Et me faire oublier mon berceau de pluie
Et toutes les rives ruisselantes de mes nuits
Et tout l'espace catarrheux des regards
Mais la terre, la terre, la terre que j'ai labourée hier
La terre qui me colle encore au visage
Ce sol par moi remué
Est parti avec la dernière averse
Emportant chants et semailles à la mer
Et sous mes pieds une chenille n'accepterait pas de vivre
Les dents de la campagne ont rogné ma patience
Et mon souffle est fragile comme une fleur
Jean Métellus, Au piripite chantant, Les lettres nouvelles/Maurice Nadeau 1978