La bête à la chaîne/Alien
J'ai vu une étrange bête, une bête perdue,
Fantastique, à la toison de feu,
Enchaînée à un anneau de boue,
Couchée, étrangère à tout.
Dans une malpropre arrière-cour,
J'ai vu cette chose atroce, et j'ai pleuré.
Et, par l'effet d'une loi sombre,
Jumelé à la bête, j'ai vu
Mon esprit étranger à moi-même, mon vouloir,
Chaque jour, doux et docile,
Chaque nuit, chaque nuit immense,
Rentrer dans cette maison de chair
Pour y obéir à de sinistres ordres,
pour porter la livrée de vieilles insultes et d'un vieux désespoir,
Et enfin se coucher, apprivoisé,
Attaché au poteau de boue.
*
I saw a strange lost beat,
Unearthly, fire-fleeced,
Chained to a muddy ring,
Lie down, an alien thing,
In a narrow yard unkept,
I saw this shame and wept.
And then, by some dark law,
Twin to the beast, I saw
My alien mind, my will,
Come each day meek and still,
Come each wide night afresh,
Home to the house of flesh,
To take grim ordres, wear
Old insult and despair,
And lie down tame at last,
To the muddly stake made fast.
Hortense Flexner, Poèmes, édition bilingue ; choix, traduction et présentation critique de Marguerite Yourcenar, Gallimard 1969
Image :
Dear Miss Mclennan,
Thanks so much for the friendly review written the nice man in Chicago. He hasn’t exactly read ‘my past’, but he had read my book. So I shall never complain. It was awfully good of you to send it.”
Sincerely,
Hortense Flexner King
Hortense Flexner King