Suis-je assez pauvre ?
(...)
Suis-je assez pauvre ?
Assez seul, assez nu.
Suis-je vidé suffisamment de ma mémoire.
Suis-je assez sombre. Assez obscur.
Et dans cette ombre enfin peux-tu germer, lumière.
Et dans l'humide de mon cœur prendre racine.
Et croître dans ce corps, musique.
Peux-tu monter de moi, murmure.
Chant qui n'est pas mon chant, mais que je chante, à travers moi peux-tu fleurir !
À travers moi pousser tes branches, musique immense, à travers moi peux-tu gémir,
arbre puissant de tous les vents de l'univers ;
à travers moi peux-tu frémir, flamme vivante, sève blanche, intarissable source du sang.
Toi dont je sais le nom secret peut-être, sur lequel je referme mes lèvres - ô poésie.
(...)
Marcela Delpastre, Natanael jos lo figier Natanael sous le figuier ; Lo chamin de Sent-Jaume-Lo Leberaubre 1987, et dans D'una lenga l'autra, edicions dau chamin de Sent-Jaume 2001