Jours pétrifiés

Publié le par Fred Pougeard

   Les yeux bandés les mains tremblantes
trompé par le bruit de mes pas
qui porte partout mon silence
perdant la trace de mes jours
si je m'attends ou me dépasse
toujours je me retrouve là
comme la pierre sous le ciel.
 
   Par la nuit et par le soleil
condamné sans preuve et sans tort
aux murs de mon étroit espace
je tourne au fond de mon sommeil
désolé comme l'espérance
innocent comme le remords.
 
Un homme qui feint de vieillir
emprisonné dans son enfance,
l'avenir brille au même point,
nous nous en souvenons encore,
le sol tremble à la même place,
 
le temps monte comme la mer.
 
Jean Tardieu, Jours pétrifiés (1943-1947) dans Le Fleuve caché, Poésie 1938-1961. Editions Gallimard 1968

 

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