Richard Brautigan, Journal japonais (1978) dans C'est tout ce que j'ai à déclarer, oeuve poétique complète. édition bilingue. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Thierry Beauchamp, Frédéric Lasaygues et Nicolas Richard. La Castor Astral 2016
La part d'Elohim est en moi parfois un poème au coeur de la nuit,
Quand mon lit est tout argenté, quand dix couples
Dans la maison de trois étages que j'habite
Se partagent le bonheur nocturne sous l'éclat blanc des étoiles.
Et c'est parfois le mutisme profond, juste pour atteindre mon être.
Tremblante luit une étoile ployée
Dans la solitude, ici, sur la terre,
Et parfois je suis le soir une grande larme obscure,
Un rien, la larme choit dans la poussière,
Et parfois le soir , je suis un violon à sept cordes
Dans un profond réceptacle-ossuaire,
Un rien, un souffle de brise et l'air bleu
Dans la chambre commence à se plaindre,
Et la poignée d'os, de chair et de sang
A chaque instant sert la part d'Elohim,
Et je ne possède rien d'autre en ce monde
Et ne suis rien moi-même que cela.
Uri Zvi Grinberg (Greenberg), dans Le Miroir d'un peuple, Anthologie de la poésie yiddish 1870-1970, textes choisis, traduits et présentés par Charles Dobzynski, Editions Gallimard 1971