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Le poème dessous

Publié le par Fred Pougeard

Voici qu'éclate un orage violent
Avec de merveilleux éclairs
Qui passent l'épouvante.
Et aussitôt, entre les dents serrées
Des gueules rugissantes de la nue,
Glissent la confidence et la douceur
Des eaux. Ruisselante passion.
Toi, la douleur, le chagrin et la peur
Tu dois les connaître et les vaincre ;
Ou les crever, ce sont des masques.
 
COMPLETUDE
 
Ecoute avec tes yeux
Les arpèges des hirondelles.
Comprends l'épure énigmatique.
Entends ce dessein de l'envol
Qui met plus de distance à la distance,
de silence au silence et plus de ciel
Dans ce qu'on voit du ciel.
Surprends aux pointes mélodiques
Les parfums de l'été. Maintenant.
A jamais. Ils sont à toi.
 
LA PEINE DE VIVRE
 
Ne reste pas impie
Devant ce qu'on t'avait donné,
Ce bref instant de vie
Mis entre deux étoiles
Et cette immensité.
Des étoiles, d'ici,
Qu'ont veut fixes et froides,
Mais qui sont dans la vérité
Les torches d'incendie
Des millénaires consumés.
 
Armel Guerne, Le Jardin colérique. Phébus 1977
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Le poète et la vie

Publié le par Fred Pougeard

   
      Celui qui a toujours affaire aux reflets sera peu enclin, dans le bien et le mal, à croire aux choses solides.
 
     Le réel n'est pas beaucoup plus que la fumée enflammée d'où les phénomènes doivent apparaître. Mais les phénomènes sont enfants de cette fumée.
 
     C'est la plus dangereuse des professions que celle qui s'occupe toujours de l'apparence de la chose morale. Elle conduit à se satisfaire de possibilités morales.
 
     La connaissance de la possibilité de représenter console en face de l'asservissement exercé par la vie. La connaissance de la vie console de ce que la représentation a le caractère d'une ombre. C'est ainsi que vie et représentation sont liées entre elles. La conscience de cela tirera vers le bas un artiste faiblement doué, elle poussera au sommet un artiste qui l'est fortement.
 
     Le poète conçoit toutes choses comme frères et enfants du même sang. Cependant cela ne le conduit à aucun désarroi. Il estime infiniment l'unicité de l'événement. Au-dessus de tout il place l'être isolé, le processus isolé car en chacun il admire la conjonction de mille fils qui arrivent des profondeurs de l'infini et ne se rencontreront nulle part de nouveau, jamais complètement ainsi. C'est là qu'il apprend à rendre justice à sa vie.
 
Hugo Von Hoffmannstahl, Le poète et la vie, publié en 1897 dans la revue de Stefan George, Feuillets pour l'art. Traduit de l'allemand par Albert Kohn, dans Lettre de Lord Chandos et autres textes, Editions Gallimard 1980 et 1992.
 
 
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