Et dans cette ombre enfin peux-tu germer, lumière.
Et dans l'humide de moncœur prendre racine.
Et croître dans ce corps, musique.
Peux-tu monter de moi, murmure.
Chant qui n'est pas mon chant, mais que je chante, à travers moi peux-tu fleurir !
À travers moi pousser tes branches, musique immense, à travers moi peux-tu gémir,
arbre puissant de tous les vents de l'univers ;
à travers moi peux-tu frémir, flamme vivante, sève blanche, intarissable source du sang.
Toi dont je sais le nom secret peut-être, sur lequel je referme mes lèvres - ô poésie.
(...)
Marcela Delpastre, Natanael jos lo figier Natanael sous le figuier ; Lo chamin de Sent-Jaume-Lo Leberaubre 1987, et dans D'una lenga l'autra, edicions dau chamin de Sent-Jaume 2001
Entre vivre et mourir je préfère la guitare, ce seul vers de Neruda , autrefois consul à Bornéo, suggère un tel élan vers la vie que j'ai envie de sortir pour aller danser et boire toute la nuit.
(...)
C'est donc une java qui se danse à trois
dans le sous-sol de la vie
le sexe facile, le rire gras et la sale mort.
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Je me rends compte que je n'ai pas écrit
ces livres pour décrire le paysage
mais pour continuer à en faire partie.
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Écrire est une étrange cérémonie
où l'écrivain fait semblant d'être seul
tout en sachant qu'une foule invisible
et silencieuse se tient dans la même pièce.
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La vie n'est pas un concept car il y pleut parfois.
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À force d'éliminer toute surprise de cette vie
on finira par lui enlever tout intérêt aussi
et par mourir sans qu'on le sache.
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Bashõ envisage la marche comme une façon
de se laver de toute la crasse de la réalité.
Le haïku étant un petit savon bon marché.
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J'ai toujours su que Mishima était mon voisin
Dumas, un cousin, Virgile, l'ami de mon père
et Virginia Woolf, une tante qui vivait
de l'autre côté du petit cimetière. Ainsi je rapatriais
tous ceux que je lisais à l'époque. Il n'y a que Borges
qui brille, en solitaire, dans le ciel noir de mon patelin.
Dany Laferrière, Un certain art de vivre, Grasset 2023