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Aimer, être aimée...

Publié le par Fred Pougeard

Aimer, être aimée ! Nos actes sont pathétiques. A l'époque où j'étais en seconde ou troisième année, à l'école de filles, dans une composition de grammaire anglaise, nous fûmes questionnés sur l'actif et le passif des verbes. Frapper, être frappé ; voir, être vu. Parmi bien des exemples de cette sorte brillait ce couple de mots : aimer, être aimé. Comme chaque élève examinait le questionnaire avec attention et réflexion et suçait la mine de son stylo, l'une d'elles, non sans malice, mit en circulation un bout de papier, et la fille qui se trouvait derrière moi me le fit passer. Quand je l'eus sous les yeux, j'y trouvais la double question suivante : désires-tu aimer ? Désires-tu être aimée ? Et sous les mots "désires-tu être aimée", de nombreux cercles avaient été tracés à l'encre, au crayon bleu ou rouge. Au contraire sous les mots "désires-tu aimer" ne figurait aucun signe. Je ne fis pas exception et ajoutait un cercle de plus au-dessous de "désires-tu être aimée". Même à seize ou dix-sept ans, alors que nous ne savons pas tout à fait en quoi consiste "aimer" ou "être aimée", nous autres femmes, nous semblons connaître déjà d'instinct le bonheur d'être aimées.

Mais, au cours de cette composition, l'élève assise à côté de moi prit le bout de papier, y jeta un coup d'oeil, puis sans hésiter, elle traça un grand cercle, d'un coup de crayon appuyé, à l'endroit où ne figurait aucun signe. Elle, elle désirait aimer. Même aujourd'hui, je me rappelle très bien qu'à ce moment, je me sentis déconcertée, comme si l'on m'eût attaquée soudain par traîtrise ; toutefois, au même instant, j'éprouvai  un léger sentiment de révolte, à cause de l'attitude intransigeante de ma compagne. C'était une des élèves les plus ternes de notre classe, une fille effacée, plutôt renfermée. Je ne sais quel avenir a été le sien, avec ses cheveux tirant sur le châtain, et qui restait toujours seule. mais aujourd'hui, tandis que j'écris cette lettre, après plus de vingt ans déjà, le visage de cette fille solitaire s'impose à moi, comme s'il ne s'était écoulé qu'un temps très bref.

Quand leur vie prend fin, quand elles reposent en paix, le visage tourné vers le mur de la mort,-la femme qui peut prétendre avoir pleinement goûté le bonheur d'être aimée et la femme qui peut affirmer avoir aimé, si malheureuse qu'elle ait vécu,-à laquelle Dieu accorde-t-il le repos véritable, la paix éternelle ? Mais en est-il une sur cette terre qui puisse prétendre devant Dieu qu'elle a aimé ? Oui, il doit y en avoir. Cette fille à la chevelure clairsemée était sans doute destinée à être l'une de ces rares élues. Malgré ses cheveux arrangés sans goût et ses vêtements peu soignés, malgré son corps sans grâce, elle peut s'enorgueillir d'avoir aimé !

Yasushi Inoue, Le fusil de chasse (Lettre de Saïko) (1949). Roman traduit du japonais par Sadamachi Yokoo, Sanford Goldstein et Gisèle Bernier. Editions Stock 1963

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C'est mais personne ne sait quoi.

Publié le par Fred Pougeard

Jan Dibbets, Wayzata window, 1988

C’est mais personne ne sait quoi.
C’est ici, c’est là,
c’est loin, c’est près,
c’est profond, c’est élevé ;
c’est ainsi : ce n’est ni ceci ni cela.
 
C’est lumière, c’est clarté,
c’est tout obscurité,
c’est innommé,
c’est inconnu, sans commencement et sans fin ;
c’est un lieu silencieux qui s’écoule, indéfini.
Qui connaît sa maison ?
Qu’il en sorte celui-là,
et nous dise quelle est sa forme !
 
Deviens comme un enfant,
deviens sourd, deviens aveugle !
Le quelque chose qui est tien
doit devenir rien ;
quelque chose ou rien : tout va au-delà.
Laisse le lieu, laisse le temps,
laisse aussi l’image !
Va sans chemin
sur le sentier étroit : ainsi viens-tu à la trace du désert.
 
Ô mon âme !
Sors ! et entre en Dieu ;
enfonce le quelque chose qui est mien
dans le rien de Dieu !
Enfonce-le dans les flots sans fond !
Que je m’enfuie de toi,
et tu viens à moi !
Que je me perde, et je te trouve,
ô bien super-essentiel !
 
Auteur inconnu, Poème mystique du XIIIe siècle, extrait de Le Miroir des âmes simples et anéanties, Spiritualités vivantes, Albin Michel, Traduction de Max Huot de Longchamp, Paris, 2011.
 
Photo : Jan Dibbets, Wayzata window 1988
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Crépuscule

Publié le par Fred Pougeard

L’heure viendra… l’heure vient… elle est venue
Où je serai l’étrangère en ma maison,
Où j’aurai sous le front une ombre inconnue
Qui cache ma raison aux autres raisons.
 
Ils diront que j’ai perdu ma lumière
Parce que je vois ce que nul œil n’atteint :
La lueur d’avant mon aube la première
Et d’après mon soir le dernier qui s’éteint.

Ils diront que j’ai perdu ma présence
Parce qu’attentive aux présages épars
Qui m’appellent de derrière ma naissance,
J’entends s’ouvrir les demeures d’autre part.

Ils diront que ma bouche devient folle
Et que les mots n’y savent plus ce qu’ils font
Parce qu’au bord du jour pâle, mes paroles
Sortent d’un silence insolite et profond.
 
Ils diront que je retombe au bas âge
Qui n’a pas encore appris la vérité
Des ans clairs et leur sagesse de passage,
Parce que je retourne à l’Éternité. 
 
Marie Noël, Chants d'arrière saison, Editions Stock 1961
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Pas dans le cul aujourd'hui

Publié le par Fred Pougeard

Pas dans le cul aujourd'hui
j'ai mal
 
Et puis j'aimerais d'abord discuter un peu avec toi
car j'ai de l'estime pour ton intellect
 
On peut supposer
que ce soit suffisant
pour baiser en direction de la stratosphère
 
21.12.1948
 
Jana ČERNÁ, poème cité dans Pas dans le cul aujourd'hui, lettre à Egon Bondy, traduit du tchèque par Barbora Faure, La contre allée 2014 
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Kami Hikôki/L'avion en papier

Publié le par Fred Pougeard

Il suffit de quelques mots si peu satisfaisants soient-ils,
venus de rien et qui prennent forme comme des composés chimiques pour que je retrouve mon calme
Mais parfois je pense que dire ces choses-là maintenant n'avance à rien
Parfois je me demande même si je ne suis pas en train de me fourvoyer
 
Quelqu'un vient de lancer un avion en papier de la fenêtre
du vingt-huitième ou vingt-neuvième étage de mon immeuble
Le vent a joué avec lui comme avec n'importe quel morceau de papier,
puis il est allé s'écraser de l'autre côté de la rue, dans le parking du commissariat,
mais avant cela il s'était essayé à un vol horizontal où il exprimait toute sa dignité
Durant la dizaine de secondes où l'avion en papier flottait dans le ciel quelque chose a comblé mon coeur
C'est cela que je nomme "poème"
Aiguillonné par la douleur mais étranger à toute douleur
naissant de l'expérience sans pouvoir devenir expérience
Semblable à la joie et pourtant plus serein que la joie
 
Rien ne prouve pourtant qu'il vaille mieux que les injures échangées dans une dispute de couple
car le poème ne promet rien
car il laisse seulement entrevoir
la chimère d'une impossible réconciliation entre nous et le monde
 
TANIKAWA Shuntarô, Sekenshizaru, L'ignare (1993). Traduit du japonais et préfacé par Dominique Palmé, avec la complicité d'Hélène Myara, Cheyne éditeur 2014
 
 
 
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Lucidité

Publié le par Fred Pougeard

Efforts illusoires en vue de me reconstruire,
D'hypertrophier mon intellect.
Je suis comme toutes ces femmes de la campagne
 
Entre maison et jardin, enfant et animaux.
J'ai désormais le sentiment que je suis définitivement
Comme je suis. Je ne changerai pas.
La vie se joue jour après jour.
Et j'ai beau avoir la nostalgie de pays plus faciles,
 
Je n'échapperai jamais à ce pays de sable,
Sur la colline devant la maison on m'enterrera un jour.
Alors on dira : elle s'était acceptée.
Le solde tombe juste. Doit et avoir,
 
Elle a poétiquement trouvé leur équilibre.
Elle a laissé de petits livres de chansons.
Simplement je sais que j'étais faite pour autre chose. 
Mais je n'ai jamais pu prendre les décisions
 
Qu'il fallait pour aller plus loin,
Pour quitter le cercle brumeux du pays natal et de la maison.
 
Rester debout sur un sommet glacé,
Mes forces n'y ont pas suffi.
 
Et parce que tant me ressemblaient
A mon époque, sous les fardeaux de ma vie,
Il me semblait parfois dans les années de bonheur
Que c'était bien ainsi et que chanter n'était pas vain.
 
La mentalité des petites gens,
Cet amour de l'ordre qui tient les maisons
M'ont dominée. Il est à présent trop tard
pour ouvrir des drailles dans l'indéfriché.
 
Eva Strittmatter, Parlure à deux dans Des Jours  au-dessus du rêve, choix de poèmes établi et traduit par Paul Cambon Editions de l'Amandier 2012
 
 
 
 
 

 

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Sentir ses liens avec une terre...

Publié le par Fred Pougeard

Sentir ses liens avec une terre, son amour pour quelques hommes, savoir qu'il est toujours un lieu où le coeur trouvera son accord, voici déjà beaucoup de certitudes pour une seule vie d'homme. Et sans doute cela ne peut suffire. Mais à cette patrie de l'âme tout aspire à certaines minutes. “Oui, c'est là-bas qu'il nous faut retourner.” Cette union que souhaitait Plotin, quoi d'étrange à la retrouver sur la terre ? L'Unité s'exprime ici en termes de soleil et de mer. Elle est sensible au coeur par un certain goût de chair qui fait son amertume et sa grandeur. J'apprends qu'il n'est pas de bonheur surhumain, pas d'éternité hors de la courbe des journées. Ces biens dérisoires et essentiels, ces vérités relatives sont les seules qui m'émeuvent. Les autres, les “idéales”, je n'ai pas assez d'âme pour les comprendre. Non qu'il faille faire la bête, mais je ne trouve pas de sens au bonheur des anges. Je sais seulement que ce ciel durera plus que moi. Et qu'appellerais-je éternité sinon ce qui continuera après ma mort ? Je n'exprime pas ici une complaisance de la créature dans sa condition. C'est bien autre chose. Il n'est pas toujours facile d'être un homme, moins encore d'être un homme pur. Mais être pur, c'est retrouver cette patrie de l'âme où devient sensible la parenté du monde, où les coups de sang rejoignent les pulsations violentes du soleil de deux heures. Il est bien connu que la patrie se reconnait toujours au moment de la perdre.

Albert Camus, Noces (1938) Editions Gallimard 1972

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L'écrasement/The crunch

Publié le par Fred Pougeard

trop grand
trop petit
 
trop gros
trop maigre
ou rien du tout.
 
rires ou
larmes
 
haineux
amoureux
 
des inconnus avec des gueules
passées
à la limaille de plomb
 
des soudards qui parcourent
des rues en ruines
qui agitent des bouteilles
et qui, baïonnettes au canon, violent
des vierges
 
ou un vieux type dans une pièce misérable
avec une photographie de M. Monroe.
 
il y a dans ce monde une solitude si grande
que vous pouvez la prendre
à bras le corps.
 
des gens claqués
mutilés
aussi bien par l’amour que par son manque.
 
des gens qui justement ne s’aiment
pas les uns les autres
les uns sur les autres.
 
les riches n’aiment pas les riches
les pauvres n’aiment pas les pauvres.
 
nous crevons tous de peur.
 
notre système éducatif nous enseigne
que nous pouvons tous être
de gros cons de gagneurs.
 
mais il ne nous apprend rien
sur les caniveaux
ou les suicides.
 
ou la panique d’un individu
souffrant chez lui
seul
 
insensible
coupé de tout
avec plus personne pour lui parler
 
et qui prend soin d’une plante.
 
les gens ne s’aiment pas les uns les autres
les gens ne s’aiment pas les uns les autres
les gens ne s’aiment pas les uns les autres.
 
et je suppose que ça ne changera jamais
mais à la vérité je ne leur ai pas demandé
 
des fois j’y
songe.
 
le blé se lèvera
un nuage chassera l’autre
et le tueur égorgera l’enfant
comme s’il mordait dans un ice-cream.
 
trop grand
trop petit
 
trop gros
trop maigre
ou rien du tout.
 
davantage de haine que d’amour.
les gens ne s’aiment pas les uns les autres,
peut-être que, s’ils s’aimaient,
notre fin ne serait pas si triste ?
 
entre-temps je préfère regarder les jeunes
filles en fleur
fleurs de chance.
 
il doit y avoir une solution.``
 
sûrement il doit y avoir une solution à
laquelle nous n’avons pas encore songé.
 
pourquoi ai-je un cerveau ?
 
il pleure
il exige
il demande s’il y a une chance.
il ne veut pas s’entendre dire :
« non ».
 
*
too much
too little
 
too fat
too thin
or nobody.
 
laughter or
tears
 
haters
lovers
 
strangers with faces like
the backs of
thumb tacks
 
armies running through
streets of blood
waving winebottles
bayoneting and fucking
virgins.
 
an old guy in a cheap room
with a photograph of M. Monroe.
 
there is a loneliness in this world so great
that you can see it in the slow movement of
the hands of a clock
 
people so tired
mutilated
either by love or no love.
 
people just are not good to each other
one on one.
 
the rich are not good to the rich
the poor are not good to the poor.
 
we are afraid.
 
our educational system tells us
that we can all be
big-ass winners.
 
it hasn't told us
about the gutters
or the suicides.
 
or the terror of one person
aching in one place
alone
 
untouched
unspoken to
 
watering a plant.
 
people are not good to each other.
people are not good to each other.
people are not good to each other.
 
I suppose they never will be.
 
I don't ask them to be.
 
but sometimes I think about
it.
 
the beads will swing
the clouds will cloud
and the killer will behead the child
like taking a bite out of an ice cream cone.
 
too much
too little
 
too fat
too thin
or nobody
 
more haters than lovers.
 
people are not good to each other.
perhaps if they were
our deaths would not be so sad.
 
meanwhile I look at young girls
stems
flowers of chance.
 
there must be a way.
 
surely there must be a way that we have not yet
though of.
 
who put this brain inside of me?
 
it cries
it demands
it says that there is a chance.
 
it will not say
"no."
 
Charles Bukowski, L'amour est un chien de l'enfer, Love is a dog from hell (1977), traduit de l'américain par Gérard Guégan, Editions Grasset et Fasquelle 1989
 
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Enigma/Enigme

Publié le par Fred Pougeard

Ingeborg Bachmann avec Hans Werner Henze en 1952
Pour Hans Werner Henze en souvenir du temps des Ariosi (1)
 
Plus rien ne viendra (2)
 
Il n'y aura plus jamais de printemps.
Des calendriers millénaires le prédisent à chacun.
 
Mais l'été aussi et tout ce qui s'ensuit et porte des noms si bons
comme "estival"-
cela ne viendra plus
 
Tu ne dois pas pleurer (3)
dit une musique.
 
Sinon
personne
ne dit
rien
 
*
 
Nichts mehr wird kommen
 
Frühling wird nicht mehr werden.
Tausendjährige Kalender sagen es jedem voraus.
 
Aber auch Sommer und weiterhin, was so gute Namen
wie "sommerlich" hat -
es wird nichts mehr kommen.
 
Du sollst ja nicht weinen,
sagt eine Musik.
 
Sonst
sagt
niemand
etwas.


Ingeborg Bachmann, Poèmes 1964-1967, dans Toute personne qui tombe a des ailes, traduction de l'allemand (Autriche) par Françoise Rétif. Editions Gallimard 2015

(1) Ariosi (1963) sur des poèmes de Tasse, du compositeur Hans Werner Henze (1926-2012)
(2) citation extraite d'un des Altenberg Lieder d'Alban Berg (1885-1935)
Rien n'est venu, rien ne viendra pour mon âme --
J'ai attendu, attendu, oh -- attendu !
Les jours s'écouleront lentement,
Et en vain ma chevelure blonde, soyeuse, flotte autour de mon visage pâle !
(3) Allusion au choeur final de la 2e symphonie"Résurrection" de Gustav Mahler (1860-1911) : Ce qui est né doit disparaître ! Ce qui a disparu doit renaître ! Arrête de trembler ! Prépare-toi à vivre !
 
 
 
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Poème qui se termine par une mort/Poem ended by a death

Publié le par Fred Pougeard

Ils laveront sur toi tous mes baisers, effaceront mes marques
et mes pleurs -je pleurais plus facilement
lors de cette folle vie toute pimentée -et les taches plus heureuses,
fines écailles de papier de soie... Il est merdique ce début
de pacotille, et faux en plus - toutes les traces de ce genre 
tu les as toi-même poncées, il y a des années de cela
quand tu m'as renvoyé mes lettres, la semaine où j'ai épousé
ce singe anecdotique. Donc je recommence. Donc : 
 
Ils ôteront les tubes, les goutte-à-goutte, les pansements 
que je censure dans mes rêves. Ils ne manqueront pas, c'est vrai
de te laver ; et ils te déposeront dans une boîte.
Après quoi tout ce qu'ils pourront faire d'autre
n'aura pas d'importance. C'est ça, mon style laconique.
Tu le louais, tout comme je louais la complexité
de tes broderies perlées ; ces liens nous entrelaçaient,
mailles endroit, mailles envers tissées sur la charpente de l'univers...
 
*
 
They will wash all my kisses and fingerprints off you
and my tearstains -I was more inclined to weep
in those wild-garlicky silk... Fuck that for a cheap
opener ; and false too -any such traces
you pumiced away yourself, those years ago
when you sent my letters back, in the week I married
that anecdotal ape. So start again. So :
 
They will remove the tubes and drips and dressing
which I censor from my dreams. They will, it is true,
wash you ; and they will put you into a box.
After which whatever else they may do
won't matter. This is my laconic style.
You praised it, as I praised your intricate pearled
embroideries ; these links laced us together,
plain and purl across the ribs of the world...
 
Fleur Adcock, The Inner Harbour, Le port intérieur (1979), dans Anthologie bilingue de la poésie anglaise, Trad divers, Collections La Pleïade, Editions Gallimard 2005
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