Top articles
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L'éternel soleil
Ils sont couchés là-bas. Ils épousent la courbe du sol. Ils s'étendent profondément. Ils dorment. A ras de terre épandues ses ramures, quel arbre, quelle plante ? Et quel coeur qui respire au rythme de ces corps ? Au moment du réveil chaque aube semblait...
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I was young here.
Il est vrai qu’il n’y a pas assez de beauté dans le monde.Il est vrai aussi qu’il n’est pas de ma compétence de lui en redonner.(…) Je suisau travail, bien que silencieuse. La fade misère du mondenous serre de chaque côté, comme une allée bordée d’arbres...
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Samedi et son potentiel festonné
Les visages au contraire de la météo ne reviennent jamais peu importe à quel point ils ressemblent à la pluie Dans ce théâtre, le temps n'est pas cruel, juste différent Ça vous aide ? Quand le trop large couloir aérien se calme les humains s'apaisent...
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C'est ce moment de bonheur inlocalisable...
Le tableau le plus émouvant de Corot est sans doute Orphée ramenant Eurydice des Enfers. Alors que les représentations picturales du mythe privilégient plutôt ses épisodes dramatiques, et notamment celui où Orphée, trop impatient de revoir la figure aimée,...
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Les galets bleus
Si je dis que les galets sont bleus, c'est que le bleu est le mot exact, croyez-moi. FLAUBERT Tu écris une scène d'amour entre Emma Bovary et Rodolphe Boulanger, mais l'amour n'a rien à y voir. C'est sur le désir sexuel que tu écris, cette envie de posséder...
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Passant, ce sont des mots.
Passant, ce sont des mots. Mais plutôt que lire Je veux que tu écoutes : cette frêle Voix comme en ont les lettres que l'herbe mange. Prête l'oreille, entends d'abord l'heureuse abeille Butiner dans nos noms presque effacés.Elle erre de l'un à l'autre...
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Letters to Yesenin
19 Bien sûr nous préférerions sept épiphanies par jour et une terre moins ostensiblement privée d'anges. C'est très fatigant de faire semblant d'aimer gagner sa vie, parmi les objets et les événements banals de notre existence. Quelle belle brosse à dents....
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Les yeux fermés ?
Les yeux fermés ? Les yeux fermés qui font le noir ? qui font le noir ils parlent bas ? ils parlent bas plutôt murmurent ? plutôt murmurent coeurs emballés ? coeurs emballés les deux en sueur ? les deux en sueur les sangs cavalent ? les sangs cavalent...
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Un chapelet pour Amy
I Amy Nostra Notre Amy qui est dans les charts, que ton nom d'alcoolique soit sanctifié, que ton règne soul arrive, que ta volonté soit faite à notre table et dans nos pieux, donne-nous aujourd'hui notre coke quotidienne, ne nous pardonne rien car nous...
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La part d'Elohim
La part d'Elohim est en moi parfois un poème au coeur de la nuit, Quand mon lit est tout argenté, quand dix couples Dans la maison de trois étages que j'habite Se partagent le bonheur nocturne sous l'éclat blanc des étoiles. Et c'est parfois le mutisme...
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Autre poème des dons
Je veux rendre grâce au divin Labyrinthe des effets et des causes Pour la diversité des créatures Qui composent ce singulier univers, Pour la raison, qui ne cessera jamais de rêver Au plan du labyrinthe. Pour le visage d'Hélène et pour la persévérance...
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La Crotz/La Croix La Clef/La Clau
La Croix Christ, me voilà debout sur cette terre, je regarde ta croix- un tronc de bois, un fût de pierre, sais-je quoi, mais rien dessus -personne dessus, personne qui pleure ni saigne, ni alentour. Je regarde ta croix qui n'est qu'un signe, entre la...
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Kaddish
I Pendant sa dernière maladie, ma mère a pris ma main dans la sienneet l’a serrée ; j’ai su pour la première fois combien sa main était calleuse et la mienne était douce. II Jour après jour, tu vomis la sève verte de ta vieet, t’essuyant les lèvres avec...
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Cavalier seul
15 À Sophie M. Pour le collier de vingt perles Par toi, à cause de toi, voici à nouveau le premier matin du monde. Des gestes anciens, chargés d'une fraîcheur nouvelle, des mots répétés et pourtant lisses comme si la mer et le temps les avaient longuement...
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Les Plantes grasses
Un de mes lointains parents collectionnait les plantes grasses. On venait de toute part pour les voir. Vint aussi le célèbre (?) de Lollis dégustateur de poésie prosaïque. Ils s'étaient connus au Mont-Rose restaurant pour célibataires qui a disparu. Aujourd'hui...
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Exilium = 0
...plenum exiliis mare, infecti caedibus scopuli. Tacite, Histoires Aujourd'hui je pense à deux des nombreux morts noyés à quelques mètres de ces côtes ensoleillées trouvés sous la coque, serrés, embrassés. Je me demande si sur leurs os poussera le corail...
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Laisse LXVI
LXVI à Fred Pougeard Tout est tranquille ici. C’est si tranquille ici que c’en est un massacre. Tout m’avait un goût dégueulâcre Hier. Mais ce n’est plus ce que je dis. Ce que je dis, c’est que le monde est beau. Ce que je dis, c’est que le monde est...
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Inscriptions
4 C'est le vieux crépuscule familier : le fleuve qui coule bleu et rose ; la tombe du héros auquel nous rendions visite— chacun regagne sa tombe à présent. Certains ont déjà atteint leur but, sont devenus prospères, connus —et sont morts ; et d'autres...
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Un rêve
Humain terrestre âgé de cinquante ans Avec son lot de chance et de malchance, Je me suis retrouvé un jour, quittant Le monde, dans un monde de silence. L’homme n’y existait qu’un petit peu, Des derniers restes de ses habitudes Mais sans désir aucun, sans...
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Divagation à Veracruz
Où s’est-elle enfuie la tendresse demanda-t-il au miroir de Baltimore Hôte, chambre 216 Hélas son reflet peut-il lui aussi se pencher sur la glace se demandant où je suis parti vers quelles horreurs ? Est-ce elle qui maintenant me regarde avec terreur...
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Marqué par l'an quarante sept...
à Alexandre Soljenitsyne Marqué par l'an quarante sept, j'avale jusqu'à présent la même fumée tourbillonnante qui s'étend au bord de mon pays et de son arrière-front, comme si le courant était encore branché dans la toile d'araignée pendue à la place...
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Doucement avec l'ange
Pense à tes grimaces de fou entre tes murs à ta passion d'enfant puni pour le rien faire à la honte de ton nom la honte de parler à tes hurlements de rage en direction du monde à tes longs pets les soirs de contrariété au désespoir de jamais réussir à...
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Tenir debout
(...) Tenir journal de ses jours combats livrés ou siestes sable de rivière noter bruis- sements agitations en dehors de la maison inventorier les nuits sans lune tous les étourdissements debout. * Tenir chapelle de nos secrets nos embarras à tout bout...
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Restes
tout va bien puisque je ne suis pas encore mort et les rats s'activent entre les canettes de bière, les sacs en papier s'emmêlent comme des petits chiens, et ses photographies sont collées sur une peinture à coté d'un Allemand mort et elle aussi est morte...
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Avignon
Ivre, je marchais sur cet ancien pont On y danse, paraît-il, on y danse Ne doutant pas qu'il me mènerait vers l'autre rive Cent mètres plus loin j'ai marché dans le vide Qui pendait derrière la quatrième pile Au milieu du fleuve. L'eau me parut bonne...