Top articles
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Ces envies de vivre qui me prennent
Ces envies de vivre qui me prennent Et cette panique, cette supplication Cette peur de mourir Alors que je n'ai pas encore vécu Et que dans ces moments J'ai ma vie sur ma langue Il me semble que ça va être possible, enfin Que je vais y aller d'une grande...
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Dédicace à personne
Pour recueillir, comme au futur. Pour perdre dans le passé. Pour attendre, pour piétiner, pour se morfondre, comme au présent. Une suite de jours dispersée, déchirée, entre l'insomnie et le songe. Une vie qui n'appartient à personne, pas même à moi. Une...
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Ses oiseaux perdus
Tout à fait vide, tout à fait calme, La Grive boucle son Nid et exerce ses Ailes— Elle ne connaît pas la Route Mais avance Machine toute Vers des rumeurs de printemps— Elle ne demande pas de Midi— Elle ne demande pas de Merci— Sans miettes et sans forces,...
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Trois Sonnets de la prison de Moabit
I DANS LES FERS Pour qui va y dormir cette nuit, La cellule a des murs doués d'une vie aussi riche Qu'elle-même semblait nue. Faute et destin garnissent Sa voûte des voiles gris qu'ils tissent. Toute la souffrance qui remplit cet édifice Donne vie, sous...
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Lettre au général X
Je viens de faire quelques vols sur P. 38. C’est une belle machine. J’aurais été heureux de disposer de ce cadeau-là pour mes vingt ans. Je constate avec mélancolie qu’aujourd’hui, à quarante trois ans, après quelques six mille cinq cents heures de vol...
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D'immenses voyages...
Près de Greffern, 11 novembre 1939 Orion et la mince faucille de la lune scintillent au-dessus des faisceaux de rails. Cependant que nous attendons des ordres, une pensée inattendue jaillit tout à coup, comme un cristal de glace : si infiniment loin que...
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L'Aumônier du Vercors
Je me suis évadé, en 1940, avec le futur aumônier du Vercors. Nous nous retrouvâmes peu de temps après l'évasion, dans le village de la Drôme dont il était curé, et où il donnait aux Israëlites, à tour de bras, des certificats de baptême de toutes dates,...
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Novembre
N'était-ce ce froid, démenti par le thermomètre, Mais lourd d'humidité qui pénètre les os, On dirait que l'automne étourdi va promettre On ne sait quel printemps. Et même les oiseaux S'y trompent, sous un ciel pourtant bas qui galope Assez vite parfois...
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Avec ce ciel déchiré dans la bouche / Diesen aufgerissenen Himmel im Mund
Avec ce ciel déchiré dans la bouche maint se meurt en pensant à un jour achevé sur tables vertes et en assiettes froides de jambon rose par un soupir. Cependant leur amour est perdu comme le vent s’enroulant autour du pied d’arbres pourris dans le blanc...
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Salut
Elle fuit l'île Et la jeune fille se remet à gravir le vent et à découvrir la mort de l'oiseau prophète À présent c'est le feu soumis À présent c'est la chair la feuille la pierre perdus dans la source du tourment comme le navigateur dans l'horreur de...
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Le vieux cheval gris des Éparges
Juste comme j'émerge au soleil, un sifflement fond sur moi, brisé aussitôt qu'entendu par une explosion assourdissante qui frappe ma nuque comme d'un coup de poing. L'obus est tombé derrière l'école, dans un jardin. Je me suis collé au mur, pendant que...
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L'idéale maison
J’AI BÂTI L’ID É ALE MAISON à Elisabeth Rohmer Je l'ai proférée en pierre sèches, ma maison, pour que les petits chats y naissent dans ma maison, pour que les souris s'y plaisent dans ma maison. Pour que les pigeons s'y glissent, pour que la mi-heure...
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Why do I hate that lone green dell ?
A. G. A. D'où vient ma haine pour ce vert vallon secret Enfoui au creux des landes et des monts sauvages ? C'est un site que je n'aurais que trop aimé Si seulement je l'avais vu dans mon jeune âge. Des os blanchissent là dans l'ardeur de l'été, Mais telle...
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Le soleil s'est levé — encore —
Le soleil s'est levé — encore — J'embarque dans La jonque allumée des sapins — encore malgré les embruns de l'âge — Cap haute mer Là-bas dans le bocage — encore malgré les récifs d'habitude — J'écope avec Un nid de geai Le trop plein d'angoisse Vigie...
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Un mot
Un mot, une phrase — ; des lettres montent vie reconnue et sens qui fulgurent, le soleil s’arrête, les sphères se taisent, tout se concentre vers ce mot. Un mot — un éclat, un vol, un feu, un jet de flammes, un passage d’étoiles — puis à nouveau le sombre...
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Rien de plus/Nie więcej
Il faudrait que je dise un jour Comment j’ai changé d’opinion sur la poésie Et pourquoi je me considère à présent Pareil à l’un de ces artisans du Japon impérial Qui composaient des vers sur les cerisiers en fleur, Les chrysanthèmes et la pleine lune....
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Sur la pierre nue de ton nom
11 mars 81 Sur la pierre nue de ton nom Notre amour retient Un rayon de soleil Dans le jardin d'un cimetière Le rosier défend la vie Dans ces mots écarlates Notre rêve bat la mesure Du temps. 13 mars 81 Je cherche le vitrail qui te dira toute entière...
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Ce ruisselet
Tellement joyeux ce ruisseau. Ruisseau ? Goutte d'eau au fond d'un chaudron. Pas même besoin d'une planche pour atteindre l'autre rive. Un saut : je saute le courant. C'est un filet d'eau pour crèche, c'est la mer de qui n'a jamais vu la mer, de qui n'a...
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À Henry Purcell
Écoute : comment se peut-il que notre voix troublée se mêle ainsi aux étoiles ? Il lui a fait gravir le ciel sur des degrés de verre par la grâce juvénile de son art. * Il nous a fait entendre le passage des brebis qui se pressent dans la poussière de...
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Indifférence du bricoleur
A l'amante qui tremble près de l'encrier noir à l'adieu dessiné par la main n'y songe point souvent cet homme bricoleur et tout un jour s'enfuit autour des clés qu'il lime autour des clous qu'il chasse et du laiton qu'il tord dans sa grande masure en...
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Guerne
Les guerres s'enchaînent, le monde court à sa perte, la nature n'est plus que le souvenir du paradis auquel l'enfer a succédé pour le confort de quelques riches, qui prospèrent sur la misère de tous les peuples. Armel Guerne n'en continue pas moins de...
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Oiseaux du matin
Je réveille la voiture au pare-brise saupoudré de farine. Je revêts mes lunettes de soleil. Le chant des oiseaux s'obscurcit. Tandis qu'un autre homme achète un journal au kiosque de la gare non loin d'un grand wagon de marchandises entièrement rougi...
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Mozart
Mozart murmure dans les rameaux de la vigne vierge. La musique épouse l'ombre et la partition bleue de l'air, Le vide, les plénitudes, l'aspérité du doux royaume Où affluent nos désirs. Elle énonce un secret, toutes paupières closes, La lumière surgit,...
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Mes grands chiens maigres
"Ces doigts perdus ces chiens lévriers dans la caverne minérale Entre des manchettes d'aurore et des cravates de lune" Arthur Adamov, Poésies Je nourris mal mes grands chiens maigres claquemurés Leurs crocs ô leurs crocs nus toujours montrés Mes grands...
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Intrépide Molly
Molly était la plus intrépide. En avril elle se balançait au-dessus de la rivière sur une corde attachée à une branche d'orme. Il y avait encore de la glace le long de la berge et un jour on retrouva son corps près du barrage sa tête blessée : elle avait...