En ce temps-là...

Publié le par Fred Pougeard

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples :
"Vous êtes des pommes de terre, je vous changerai en frites."
 
Épatés qu'ils furent
Par la procédure,
Mais comme Jésus c'était Dieu
Difficile de trouver mieux !
 
Se donnant la main
Ils allaient par les chemins
En ne fabriquant plus rien.
 
Saint Pierre était le plus fort.
Un peu marseillais sur les bords
Hâbleur
Persifleur
Moi je ceci moi je cela
On a vu le résultat !
 
Jacques et André
Les fils de Zébédée
​​​​​​​Ne connaissaient même pas l'a,b,c,d.
En ce temps-là, comme l'école n'était pas obligatoire
​​​​​​​Qu'on ne savait pas lire
Encore moins écrire
C'était à qui raconterait des histoires.
 
Saint Jean fondait tout'l'temps
Fondait en r'merciements.
Il croyait chaque jour
Croyait mourir d'amour.
 
Thomas croyait en rien.
Croyait même pas en lui.
"Dis-moi que c'est moi qui suis bien Thomas."
Qu'il demandait inquiet à autrui.
Le vide le rendait comme fou :
Il mettait toujours ses doigts dans les trous.
 
Matthieu, quand il était en liesse
Au soleil montrait ses fesses.
Philippe et Barthelemy
Jouaient aux osselets en catimini.
 
(Ils avaient la frousse.
Jésus leur avait dit d'une voix douce
Mais sur un drôle de ton :
"Ces os ressusciteront
Entourés de chair rousse.")
 
Judas
Quand il était là
Portait toujours la main au plat
Avec son regard de Judas.
 
En gros, tous ces disciples étaient bouchés.
​​​​​​​C'étaient de pauvres mâles
Qui comprenaient que dalle
À l'éternité.
 
C'étaient de pauvres hommes
Qui vivaient avec Dieu en plein capharnaüm.
 
En ce temps-là pourtant
Les petites gens
Prenaient de l'avancement.
Les derniers couraient plus vite que les premiers.
Les muets parlaient parlaient comme des merles
​​​​​​​On trouvait des perles dans les sangliers.
 
En ce temps-là, les femmes adultères
Repartaient pour la guerre.
Les morts se relevaient
Comme si de rien n'était
Et, se frottant les yeux un brin,
​​​​​​​Aussi sec reprenaient leur train-train.
 
Pour tous ceux qu'avaient froid
Qui cherchaient des mitaines
Ils se rendaient déjà
 À la Samaritaine.
 
​​​​​​​La terre tutoyait le ciel
L'eau c'était du bordeaux
Les flots courroucés devenaient du miel.
 
Y'en avait encore quelques autres
De disciples qu'il faut pas confondre avec les apôtres.
 
Oui, Saint Pierre était le plus fort
Mais quand il rencontrait un coq
Ça lui faisait un choc.
Il pleurait , paraît-il, toutes les larmes de son corps.
 
C'est cependant sa foi qu'était la plus ad hoc.
 
En ce temps-là, les choux étaient en fleurs
Et moi j'étais dedans
A me tourner les pouces en attendant mon heure. 
 
René de Obaldia, Innocentines, poèmes pour enfants et quelques adultes, Editions Bernard Grasset 1969
 
 
 
 
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