Top articles
-
Y cuánto vive?
Combien vit l’homme, enfin ? Vit-il mille jours ou un seul ? Pour combien de temps l’homme meurt-il ? Que veut dire « pour toujours » ? Préoccupé par cette affaire je me suis consacré à élucider les choses. J’ai recherché les prêtres savants, je les ai...
-
La Noce
De l'autre côté de la cour, Pour festoyer jusqu'au matin Chez la mariée les invités S"en sont allés, avec un accordéon. Derrière les portes de la maison Garnies de feutre D'une heure à sept se sont tus Les éclats des bavardages. Mais à l'aurore, en plein...
-
Le travail du poète
L'ouvrage d'un regard d'heure en heure affaibli n'est pas plus de rêver que de former des pleurs, mais de veiller comme un berger et d'appeler tout ce qui risque de se perdre s'il s'endort. * Ainsi, contre le mur éclairé par l'été (mais ne serait-ce pas...
-
Roses.
En ce pays, les roses étaient en fleur depuis l'aube, d'un rose foncé, insolent, et si violemment vivantes que le buisson paraissait non point tant arbuste que bête. —Bête sans forme, peut-être écorchée vive, peut-être arrachée vive aux chaleurs de la...
-
Brouter
Dans mes plus lointains étés J'entends la vache brouter, J'écoute l'herbe qu'arrachent Les mâchoires de la vache. Ô, ma vache, broute, mâche. Tu as tout le temps qu'il faut. Broute bien l'herbe et le temps, Le temps ! Goûte lentement. Tu as l' É gypte...
-
Constatations sur le chemin
Ce qui est élégiaque, inévitable, qui domine comme l'azur dans les vitraux gothiques, non seulement par le fait d'être ici, mais encore par le lecteur qui n'est-pas-pour-rien-lecteur-de-poésie. Elementary mon cher Watson. Derrière toute tristesse et toute...
-
Post ludum
Rends-toi, poésie, aux chênes de garde, au plus haut point et transmets-leur le salut d'un ami qui n'est plus rien. Prie les oiseaux de se taire, ils m'ont rendu fou, je fus de leur pépiement plus que soûl. Passe cette nuit, poésie, voir mes proches dans...
-
Via dei Cinquecento
Pèsent entre nous deux trop de mots non dits et la faim non assouvie, les cris des enfants non apaisés, la poitrine des mamans phtisiques et l’odeur — odeur de haillons, d’excréments, de morts — s’insinuant à travers des couloirs sombres ils sont une...
-
Pour la gloire à venir
Pour la gloire à venir, la gloire héréditaire, La haute lignée des humains, J’aurai perdu ma coupe à la table des pères, La gaieté, l’honneur, tout enfin ... Le siècle, loup-cervier, bondit sur mes épaules ... Ô siècle, je ne suis point loup et je t’en...
-
Le temps n'est qu'un noir sommeil...
Le temps n’est qu’un noir sommeil bienheureux qui sut garder les images de l’éveil. Vallée blanche, mes hivers, bois pleins d’ombre, mes étés, belle vue des toits déserts, jours d’automne, et je marchais recueilli, seul, ignoré, dans l’or pâle des forêts,...
-
Mozart
A Toi quand j'écoutais ton arc-en-ciel d'été : Le bonheur y commence à mi-hauteur des airs Les glaives du chagrin Sont recouverts par mille effusions de nuages et d'oiseaux, Une ancolie dans la prairie pour plaire au jour A été oubliée par la faux, Nostalgie...
-
Saudade
SAUDADE veut dire nostalgie, paraît-il, mais aussi le regret de ce qui n'a jamais été. N'est-ce pas la même chose ? Dans un café de Rio les mouches tournent autour de mon verre. Comme tu aurais aimé ça : le serveur suant dans son polo noir. Des enfants...
-
La grande bataille
Une brise du soir fraîche annonçait une nuit de froid sec. Je m'accotai à la paroi, emmitouflé dans un manteau anglais bien chaud et m'entretins avec le petit Schulz, le compagnon de ma patrouille contre les Hindous, qui s'était montré en vieux camarade...
-
29 grappes fraîches
le processus d'apprentissage est sournois tous ces moulins à vent toute cette transition sanglante des éviers bouchés des esprits de papier toilette l'amour, cette putain dévêtue, est un mensonge des chiens avec plus d'âmes que des millionnaires de Pittsburgh...
-
Devant le pommier
Je ne meurs pas, avant d’avoir vu la vache dans l’étable de mon père, avant que l’herbe ne rende ma langue acide et que le lait ne métamorphose ma vie. Je ne meurs pas avant, avant que ma cruche ne soit remplie à ras bord et que l’amour de ma sœur ne...
-
Intrépide Molly
Molly était la plus intrépide. En avril elle se balançait au-dessus de la rivière sur une corde attachée à une branche d'orme. Il y avait encore de la glace le long de la berge et un jour on retrouva son corps près du barrage sa tête blessée : elle avait...
-
C'est mauvais, certes. Mais ce n'est pas de la poésie.
É pilepsie. Glioblastome multiforme. Chirurgie. Encore épilepsie. Encore chirurgie. Tout ce qui rime en thérapie. On y survit. Je suis ici. Parfois lutter de toutes ces forces n'est pas suffisant. il faut alors lutter aussi de toutes ses faiblesses. Me...
-
La voie nomade
Ô rompre les amarres Partir partir Je ne suis pas de ceux qui restent La maison le jardin tant aimés Ne sont jamais derrière mais devant Dans la splendide brume Inconnue. (...) Endormez-vous mes terres Mes atlantides endormez-vous Je garde en moi l'appel...
-
Fille d'Afghanistan
Nul désir désormais d'ouvrir la bouche : que puis-je chanter ? Entourée de la haine de tous, que puis-je chanter ? Du poison, non du miel, sur mes lèvres, que puis-je chanter ? Maudit soit le poing du tyran sur ma bouche fracassée. Qui pour partager ma...
-
Mes grands chiens maigres
"Ces doigts perdus ces chiens lévriers dans la caverne minérale Entre des manchettes d'aurore et des cravates de lune" Arthur Adamov, Poésies Je nourris mal mes grands chiens maigres claquemurés Leurs crocs ô leurs crocs nus toujours montrés Mes grands...
-
Mozart
Mozart murmure dans les rameaux de la vigne vierge. La musique épouse l'ombre et la partition bleue de l'air, Le vide, les plénitudes, l'aspérité du doux royaume Où affluent nos désirs. Elle énonce un secret, toutes paupières closes, La lumière surgit,...
-
Oiseaux du matin
Je réveille la voiture au pare-brise saupoudré de farine. Je revêts mes lunettes de soleil. Le chant des oiseaux s'obscurcit. Tandis qu'un autre homme achète un journal au kiosque de la gare non loin d'un grand wagon de marchandises entièrement rougi...
-
...toutes ces sorcières du Paradis
MARDI 19 SEPTEMBRE 1854 1h1/2 après-midi Tenant la table : Mme Victor Hugo, Charles. Présents : Victor Hugo, Auguste Vacquerie (Copies Cécile Daubray) (...) La table s'agite. VICTOR HUGO : Qui est là ? — La Mort. (...) — Nous t'écoutons. — Tout grand...
-
Guerne
Les guerres s'enchaînent, le monde court à sa perte, la nature n'est plus que le souvenir du paradis auquel l'enfer a succédé pour le confort de quelques riches, qui prospèrent sur la misère de tous les peuples. Armel Guerne n'en continue pas moins de...
-
Partant de là
L'œil augmenté de matériau inerte (horizon acrylique/silicone vallée) puissant de l'implant —visionVSvoyance, en tréfonds rétinien bruit de l'enfance elle aussi augmentée je fais quoi bâtonnet progestatif, vigie contraceptive —ventre libéré du grand péril...