Le malheur doit être transformé en quelque chose d'autre...
" Alfonso Reyes m'avait dit une fois : "Nous publions pour ne pas passer notre vie à corriger les brouillons" C'est vrai"
"Quand j'étais jeune, j'étais très baroque, je cherchais des mots très anciens, ou je tâchais de former des mots. À présent non. Je tâche d'interférer le moins possible dans ce que j'écris. J'écris, je laisse la page à côté, je la relis au bout de quelque temps, je supprime tous les mots ou toutes les phrases qui peuvent étonner le lecteur, je tâche que cela coule (...) Je tâche à présent d'être aussi simple que possible, en restant complexe d'une façon secrète et modeste. Je n'ai pas d'esthétique. Je ne cherche pas les sujets. Les sujets me cherchent, je tente de les repousser, mais à la fin ils me trouvent, alors il faut que je les écrive pour rester tranquille... Je crois que chaque sujet a son esthétique, chaque sujet nous dit s'il veut, s'il désire que nous écrivions en vers de forme classique, en vers libres ou en prose (...) Il y a des sujets qui exigent un roman, ceux-là ne m'ont pas visité."
Transcription d'un extrait de la conférence sur la création poétique donnée en 1983 par Jorge Luis Borges au Collège de France, à l'invitation d'Yves Bonnefoy.
https://videotheque.cnrs.fr/mobile/index.php?urlaction=detail_doc&id_doc=619&fbclid=IwAR3KeFbKC33J2u1Nda6WAuUkBZBrxKI1pQcFxg_5gko_PLu0cvI-VC0ZprY
Illustration : Photo de Borges pendant la conférence par David Boeno
Merci à Pascal Adam pour cette découverte.