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Le dernier voyage

Publié le par Fred Pougeard

On l'appelle "le dernier voyage"
bien qu'il n'y ait aucun nom
de destination—
mais dans l'ombre du langage, il existe
un lieu perméable
où mon père
          passe
et il est toujours avec nous.
Quel que soit le pays,
     je le rencontre
comme ce qui est écrit entre les lignes
     je le rencontre
également calme, également présent.
Il sait
où je me trouve,
          se montre
avec la dignité d'un chef.
Ma mère jette toujours ses filets
avec ses mots, elle dit "nous"
et "notre" maison,
     alors qu'il est mort depuis longtemps.
Sans doute est-on
né 
pour faire partie de l'infini.
 
Pia Tafdrup, La Boussole des oiseaux migrateurs, traduit du danois par Janine Poulsen. Préface de Bernard Chambaz. Editions Unes 2024
 
Photo : Finn Frandsen
 
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Ce qui advint de nous

Publié le par Fred Pougeard

Retour sur les bergamotes sauvages.
On ira au bois de jouvence.
Les astres ont des fleurs rouges à la boutonnière.
S'amorcent bien des choses dont nous ne savons encore rien.
Des recueils et des trous à rats pour les berges enfantines.
Des drapeaux en robe d'épousailles.
Du charbon pour remplir les poches.
Nous irons de franchissements en dérélictions.
Nos voiles n'auront plus de ports.
S'inventeront nos langages pour ce temps-là.
Des langues d'organum et de térébenthines.
Nous soufflons sur nos ardeurs.
Qu'elles durent au moins jusque là.
 
Catherine Pierloz, 28.7.2018
Trouvé ici : https://catherinepierloz.be/2018/07/28/ca-gresille-sous-le-neon/
Photo : Novella de Giorgi
 
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La Racine originelle/La prima raiç

Publié le par Fred Pougeard

   
     Je la regarderai avec mes yeux d'eau, d'étoile, de feu, je regarderai la terre qui change.
     Et le ciel, je le regarderai bien —un jour—la nuit—le temps qui va, le temps qui passe.
 
     Je regarderai les arbres, je me souviens de la racine, qui trouve l'âme du rocher, qui en fait la sève.
     Depuis la racine, la première racine du temps, où Dieu lui a créé son âme.
     Plus loin —plus loin—tu t'en souviens—tu peux t'en souvenir, tu es toujours sa première âme.
 
     Tu es toujours le premier jour, puisque tu étais dans la première graine, et que Dieu te portait,
     en son premier regard, sa première pensée. Et que tu viens de là, terre, ciel, l'âme
     et le fil de la vie, que tu ne viens pas d'ailleurs. Le néant dont tu es sorti, où tu n'étais pas.
 
     Certes je ne sais pas où je vais, ce que je suis, ce que je fais ; d'où je viens, peut-être que je ne m'en souviens pas.
     Pourtant je le sais. Pourtant je le chante.
 
     Terre, que je parle, ou que je divague, c'est toi que je parle. Terre, je te chante de me chanter.
 
*
 
     La 'visarai emb mos uelhs d'aiga, d'estiala, de fuec, 'visarai la terra que chamnha
     E lo ciau, plan lo 'visarai —un jorn—la nuech—lo temps que vai—lo temps que passa.
 
     'Visarai l'aubrahla, e me sovene de la raiç, que tròba l'arma dau rochier, que ne'n fai la saba.
     Dempuei la raiç, la prima raiç dau temps, que Dieu li a fach son arma.
     Pus lonh—pus lonh—te'n sovenes—te'n podes sovenir, que ses totjorn la primiera arma.
 
     Que ses totjorn lo primier jorn, qu'eras dins la primiera grana, e que Dieu te portava
     en son primier regard, sa primiera pensada. E que venes d'aquì, terra, ciau, l'arma,
     e lo fum de vita, que venes pas d'alhors. E lo non-res que ne'n ses sautat, que lai eras pas.
 
     Que sai pas onte vau, ço que sui, ço que fau ; d'onte vene beleu que me'n sovene pas.
     E pertant zo sabe. E segur zo chante.
 
     Terra, que parle, o que desparle, quo es tu que parle. Terra, te chante de me chantar.
 
Marcela Delpastre, Paraulas per queste terra, Paroles pour cette terre, Tome V. Las Edicions dau Chamin de Sent Jaume 1998
 
Aujourd'hui, 2 septembre 2025, centième anniversaire de la naissance de Marcelle Delpastre

 

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Au laboratoire du rêve

Publié le par Fred Pougeard

L'âge et la maladie auraient pu nourrir ma colère
Et souffrir à longueur de temps me déshumaniser ;
Je veux pourtant me rallier au vœu de Baudelaire :
Dormir, dormir plutôt que vivre et, dormant, pactiser
Avec la mort que le sommeil imite et préfigure.
On ne la conçoit d'ailleurs pas comme un vide béant
Mais, pour le vivant désœuvré, comme une sinécure,
Un retour à jamais au sein paternel du néant
Que l'on se représente incapable du moindre rêve.
Or, quand je dors, je rêve aussi bien le jour que la nuit.
Un nouveau songe m'apparaît dès qu'un autre s'achève
Et j'ignore où, pourquoi, comment le précédent a fui,
Si ce n'est moi qui l'ai quitté quand pourtant je m'y trouve
Dans un endroit des plus étrange mais charmant, parmi
Des invités dont le comportement distant me prouve
Qu'aucun d'eux n'a jamais été mon véritable ami.
Seule une froide courtoisie expliquant leur aisance,
Ils semblent entre eux se connaître et juger ma présence
Contradictoire avec le ton de leur propre milieu.
On m'y tolère, quelquefois on m'accorde la grâce
D'un bonjour assez négligent ou d'un distrait adieu.
Puis avec un sourire un peu contraint on vous efface.
Ici, l'être le plus aimable est un historien
Spécialiste des pays d'Aunis et de Saintonge.
Son air protecteur se durcit et sa mine s'allonge
Quand je lui cite quatre vers de Born le troubadour
Qui vécut dans cette contrée, et laissant loin derrière
Ma ferveur la froideur de l'érudit — il reste court.
Nous allons et venons lentement dans une clairière
Et je prends conscience alors qu'en bordure du bois
Mais dans l'ombre, m'observe une jeune fille au visage
D'orientale en vêtements japonais ou chinois
Et dont la teinte douce était autrefois en usage
Lorsqu'un de nos proches avait franchi l'ultime seuil
Et qu'après un long temps passé sous de plus sombres voiles
On entrait dans celui qu'on appelait le demi-deuil
Où, dans la nuit de l'univers, quelques rares étoiles
Viennent, timides, rétablir l'ombre de la couleur.
Cette fille me souriait, tendre mais sans chaleur,
Comme pour me dire "Ces bois sont la profonde alcôve
Où je t'emporterai demain : je suis la mort en mauve,
La seule teinte qui convienne à tous mes fiancés."
 
Jacques Réda, Des arts et des métiers, Fata Morgana 2025
 
Photo : Jacques Sassier
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L'échange avec Dieu

Publié le par Fred Pougeard

I
 
Je voudrais si faire se peut
Que Dieu ait bien tout ce que j'ai
Et la torture et le boueux
Que moi je sois Dieu comme il l'est
Je lui ferais ce qu'il m'a fait
Je lui rendrais ce que j'ai pris
 
II
 
Si les brutaux et les salauds
Ont les richesses à leur merci
Qu'ils lui en fassent le cadeau
Il n'aura rien de moi jamais
Il ne m'a jamais rien donné
Sauf une âme : je la rendrai.
 
****
I
 
Ben Volgra, si far si pogués,
Que Dieus agues tot so qu'ieu ai,
E lo pensament e l'esmai,
Et ieu fos Dieus si con el és ;
Qu'ieu li fera segon que-m fai,
E-l rendera segon c'ai prés.
 
II
 
Car tut  li croi e li malvai
Tenon lo miels de totz sos bés,
Aquilh l'en rendan las mercés :
Qu'ieu non o fas ni o farai ;
Ni de Dieu non tenc un pogés,
Mas un'arma que li rendrai.
 
Peire Cardenal (1180-1278), Ben volgra, si far si poguès dans une version de Henri Deluy. Action Poétique n°64, Troubadours, Revue trimestrielle Décembre 1975
 
 

 

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Pour moi la Poésie...

Publié le par Fred Pougeard

     Pour moi la Poésie, c'est d'abord une façon d'être, et une façon d'être, liée à la révolte devant l'immensité des désirs que chacun porte en soi et le peu que la vie lui permet de vivre. Pour ma part je crois qu'il n'y a pas de Poésie sans la conscience extrême de ce malheur, du malheur d'être Homme ; et qu'il n'y a pas de Poésie qui ne soit liée à un désespoir d'être ; mais avec cette contrepartie que la Poésie est en même temps une des rares sinon la seule manière, justement, de s'opposer à ce malheur. C'est une révolte contre l'inacceptable condition humaine dont parle justement Breton, mais en même temps ce qui permet, ce qui rend quand même quelquefois acceptable cette condition humaine en affirmant, par exemple, qu'un regard, qu'une rencontre ou qu'un geste d'insoumission peuvent soudain faire que malgré tout, le monde est parfois à la mesure, ou en mesure de répondre ne serait-ce qu'un instant à cette insatiable soif d'absolu dont parle Lautréamont et qui est l'immensité du désir humain.
 
Annie Le Brun dans Le Bon plaisir d'Annie Le Brun, entretien avec Christine Goémé, France Culture, première diffusion le 12 décembre 1992
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Fable d'un instant difficile

Publié le par Fred Pougeard

     
     Rien de particulier n'est arrivé.
     Devant moi le bureau, au-delà de la fenêtre le gris blanc de l'hiver précoce, à côté de moi le paisible monstre vert du téléphone, maintenant il ne me siffle même pas, rien de particulier n'est arrivé.
     Tout est tel qu'il est.
     Ou bien est-ce justement que tout est tel qu'il est ?
     Ou bien encore est-ce que tout est pourtant autre —
AUTRE du fait que ce qui est tel s'insère en toi tout d'un coup ?
     Le téléphone ne me siffle pas, au-dehors les couleurs vagues de l'hiver précoce, derrière moi mes livres, et tout est comme cela était auparavant, rien de particulier n'est arrivé.
     Seulement que je devrais hurler.
     Et seulement que je me tais.
 
György Somlyó Contrefables poèmes traduits du hongrois, "version française" de Eugène Guillevic, Gallimard 1974
 
 

 

 
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Le Livre de la fin

Publié le par Fred Pougeard

I

 
Je ne vivrai ni dans la tombe
ni dans ta mémoire car tu m'as
précédée dans le futur éternel.
Les mers sont immobiles et nous
regardent sans espoir.
 
II
 
Je parle d'un bonheur noir,
d'arbres désormais métalliques,
et d'un rite funèbre plongeant
dans le silence.
 
Tu es un champ magnétique. Les
galaxies t'on récupérée.
 
III
 
on a brûlé ton corps, éparpillé
la fumée et j'ai respiré
un nuage noir qui s'est coagulé dans
ma propre matière.
 
IV
 
Il ne reste de toi pas même
une poussière. Une molécule
géante flotte dans mes 
réservoirs obscurs et vénéneux
où les soleils éteints sont
tombés. Tu t'es rendue à
l'univers.
 
V
 
Et maintenant la mer s'est
étendue dans le désir immuable.
Un chant de feu a pris sa place
dans l'ordre universel. Il ne
reste de toi que le rythme de la
lumière qui pleure.
 
VI
 
Il y a des journées froides
où j'ai besoin de tisser
des laines
 
des laines qui servent de
linceul.
 
VII
 
Il y a des couleurs pâles
empruntées aux fleurs
je vais en faire des
teintures froides 
pour tisser ce linceul.
 
VIII
 
Il y a des cieux trop clairs
qui s'étirent sans fin
 
ni laines ni couleurs
ne réchauffent les tombes.
 
IX
 
Les souvenirs sont des
couronnes inutiles qui
jamais n'ont ramené un mort.
 
X
 
J'ai passé ma vie à me faire
des masques et à les porter,
à me tisser des armures faites
de fils barbelés, et comme le 
scorpion, j'ai piqué à mort
ceux que j'aime.
 
XI
 
Mes nuits comme des fleuves
ont coulé près du téléphone.
J'ai assailli le facteur
chaque matin pour que ton nom
ne surgisse pas dans mes rêves.
 
XII
 
Tu sais que la mort ne fait
que continuer le silence
rien n'a changé dans la
sève des plantes mais ta
trajectoire a viré sur
l'infini... où veux-tu que
j'attende ?
 
XIII
 
La douleur a versé ses poisons
froids dans tes cellules, une par
une, jusqu'au moment où il n'y
eut ni espace ni temps dans ton
organisme épuisé tu as glissé
dans la mort sans rien nous dire.
 
XIV
 
Se peut-il que je sois venue
de nuit   aie confondu les
pistes   et me sois égarée
dans un désert de bronze ?
 
XV
 
De nuit en nuit
sommes arrivées au
bruit
 
D'erreur en erreur nous
sommes arrivées à la
vérité
 
le centre de la terre
était fait de glace
 
XVI
 
Nous avons vécu à des vitesses
différentes...
 
tes cendres étaient dispersées
quand j'étais encore dans 
le train.
 
XVII
 
Je croyais que la folie t'avait
éternisée dans son ciel de marbre
je te croyais immobile dans le 
Temps mais voici que tu atteins
la vélocité de la lumière et que
tu disparais...
 
Etel Adnan, Le Livre de la fin (1947-48) dans Je suis un volcan criblé de météores, poésies 1947-1997, Gallimard 2023
 
Photo : Brigitte Friedrich
 
A découvrir sur ce blog, D'Etel Adnan
https://www.proximitedelamer.fr/2023/09/nous-ne-sommes-vraiment-nulle-part.html
 
 
 
 
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Paysage avec inondation

Publié le par Fred Pougeard

Paysage tout à fait standard que l'inondation améliore.
Tu vois des cimes d'arbres, des coupoles, la girouette d'un château.
Tu veux dire plein de choses mais l'émotion te dévore
réduit ta réserve lexicale à un constant "Que d'eau !"
Ainsi, en vieillissant, la calvitie reste visible dans la glace
mais pas le visage, sans parler de plus bas.
Un écrit-parlé délavé qui accapare tout l'espace ;
sous un ciel en lambeaux —c'est dans l'eau que tu graves tes pas.
Lieu de l'action : sans doute un genre de Hollande
avant l'introduction de la digue, des dentelles, des De Fries,
et des Van Dyck, ou quelque part en Asie où la pluie vous plante
dans des sentiers perdus, à part si tu n'es pas du riz.
Ça s'est accumulé pendant des âges, chaque jour une goutte
sans sel pour étendre le règne des hectares salés.
Ta fille en périscope sur tes épaules à toutes
fins utiles verra les vaisseaux ennemis déferler.
 
1993
 
Joseph Brodsky —traduction André Markowicz (lu sur le "mur" Facebook de ce dernier)
 
A lire aussi de Joseph Brodsky sur ce blog :
 
https://www.proximitedelamer.fr/2016/10/je-suis-entre-a-la-place-du-fauve-dans-la-cage.html
https://www.proximitedelamer.fr/2017/05/xiv-deux-traductions.html
https://www.proximitedelamer.fr/2017/10/nous-n-atteindrons-pas-notre-fin.html
https://www.proximitedelamer.fr/2018/08/venise.html
https://www.proximitedelamer.fr/2018/12/elegie-a-john-donne.html
https://www.proximitedelamer.fr/2020/01/et-puis-arrive-le-temps-des-regrets.html
 
et aussi
 
https://www.proximitedelamer.fr/2019/03/pour-joseph-brodsky.html
 
 
 

 

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Madrigal du rouleau de fer

Publié le par Fred Pougeard

Écrire de la poésie fut longtemps le cadet
de mes soucis cela me prit avant-hier
Quelle mouche le piqua demande le fabuliste
quoi qu'il en soit voici s'il vous plaît
une histoire en vers avec un rouleau de fer
 
Vincent mon grand-père paternel
un soir de printemps m'ordonna
de passer le rouleau sur une terre labourée
tu vas rouloyer Ker-an-graz
 
Qu'il soit de pierre ou de fer le rouleau est la Loi
à douze ans on obéit aux ordres d'un tad koz
ancien prisonnier de guerre Torgau-sur-Elbe en Saxe
gela le cœur durcit les yeux du laboureur-soldat
son épouse Jeanne peut témoigner elle qui
est vaste silence de ciel dessus le mâle aboi
 
L'engin rouleau la précision importe
est un outil agricole tracté formé d'un 
double ou triple cylindre
cette révolution affermit les blés
On tient le cheval au licol
pendant que le tambour dans la lice
motte après motte brise
 
La parcelle dont je parle
pas un lopin mais une vaste main
de terre collante qui embrasse
les meules d'un sceau
de glèbe ocre et grasse
 
La nuit étendait son empire
depuis une heure quand
j'aperçus le pire
de l'aventure —après
tout le champ rouloyé
devais ramener l'attelage
brinquebalant par la route
dans le noir
cheval et moi allâmes tremblants
qu'une voiture au détour
d'une courbe nous heurtât
 
c'est un fameux bout de chemin
jusqu'à Kersaint
rouleau de fer sur macadam
fait grand ramdam
Et la jument lasse encensait
d'épuisement et faisant
des écarts de frayeur aux lucioles
 
Au retour je trouvais Vince
lunetté cul de bouteille et bonnetté
à méditer sur ses graines de choux
— eh te voilà enfin
si tard me dit-il
— ces journaux de Ker-an-graz dis-je
sont longs comme la messe
— repose-toi bien
dit-il demain tu devras
rouler la parcelle voisine
— je ne puis
j'ai un poème à savoir
— eh bien tu le sauras mieux
en rouloyant le globe
et ce poème tu me le diras demain soir
je m'ennuie à compter mes graines
 
Or de poème pas
si bien qu'il me fallut l'écrire
et de le dire à Vincent
qui devait en secret l'attendre
puisqu'il m'accorda 
le temps de rédiger
 
La poésie abondait de zéphyrs
de nymphes et de pâtres
d'accents de césures
et de tours baroquisants
car je voulais sinon l'éblouir
du moins produire
l'illusion du vrai poème
Je ne fis que l'endormir
Mais au dernier mot il rouvrit l’œil
et demanda au juste
de quoi cela parle-t-il ?
 
Daniel Morvan, Quitter la terre, Éditions Le temps qu'il fait, 2024
 
 
 
 
 
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