Hymne à Satan
Toi qui n'es jamais
qu'une blessure à la paroi
une égratignure au front
qui délicatement incite
à la mort.
Tu aides les faibles
mieux que les chrétiens
tu viens des étoiles
et tu détestes cette terre
où des moribonds pieds nus
se donnent la main jour après jour
en cherchant dans la merde
le sens de leur vie ;
puisque je suis né de l'excrément
je t'aime
et j'aime déposer sur tes
mains délicates mon ordure.
Ton symbole était le cerf
et le mien la lune
que tombe la pluie sur
nos faces
nous unissant en une étreinte
silencieuse et cruelle en laquelle
comme le suicide, rêve
sans anges ni femmes
démuni de tout
excepté de ton nom
de tes baisers sur mon anus
et de tes caresses sur mon crâne chauve
nous arroserons de vin, d'urine & de
sang les églises
offrande des mages
et sous le crucifix
nous hurlerons.
Leopoldo Maria Panero, Poèmes de l'asile de Mondragón (1987-1997) Traduit de l'Espagnol par Cédric Demangeot et Victor Martinez, Editions Fissile 2017