Le grand ciel que je voyais
Le grand ciel que je voyais en éventail gris de Goya s'éployer hier au soir au-dessus de la plaine du Poitou, il est fait aujourd'hui de festons et de bourrelets. Deux hommes armés de fusil écoutent leurs chiens de chasse brailler loin et par intermittence dans l'épais des bois. Comme je prends par le travers, le lièvre qu'ils poursuivent coupe le layon, et dans le houx j'aperçois le retroussis blanc de sa queue alors que les roitelets tout autour égrènent de frêles épis dans l'ultime clarté.
Des fenêtres trouent l'ouest.
Mer et forêt se mélangent.
Des arpents de nuit
S'affaissent sur nous.
Forêt de Chizé, mercredi 28 octobre 1981
Robert Marteau, Forestières, Editions Métailié 1990