Restes

Publié le par Fred Pougeard

tout va bien puisque je ne suis pas encore mort
et les rats s'activent entre les canettes de bière, 
les sacs en papier s'emmêlent comme des petits chiens, 
et ses photographies sont collées sur une peinture
à coté d'un Allemand mort et elle aussi est morte
et il m'a fallu 14 ans pour la connaitre
et s'ils me donnent 14 années de plus
je la connaitrai encore mieux...
ses photos collées sur le verre
ne bougent ni ne parlent, 
mais j'ai quand même un enregistrement de sa voix, 
et elle parle certains soirs,
de nouveau elle-même
si réelle qu'elle rit
qu'elle dit les milliers de choses, 
la seule chose que j'ai toujours ignorée, 
qui ne me quittera plus :
j'ai eu l'amour
et l'amour est mort ;
une photo et un morceau de scotch
ne sont pas grand-chose, ai-je appris sur le tard, 
mais donnez-moi 14 jours ou 14 années, 
je tuerai tout homme
qui osera toucher ou prendre
ce qui reste.

 
Charles Bukowski, The days run away like wild horses over the hills (Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines, 1969). Traduction Thierry Beauchamp. Editions du Rocher 2008
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