Pour un panache de lumière
Je craignais les Saints de glace
pour le vieux cerisier du verger
et c'est une grêle de mai
qui a déchiqueté sa robe mariale printanière.
Pas de cerises donc, cette année
et les pétales déconfits,
les jeunes feuilles lacérées
seront onguents pour ses racines.
Ainsi ceux qui avant toute chose
rêvent de vivre au plein cœur vivant
de leur existence,
ceux-là savent qu'il n'est de loi inscrite
sur le livre à jamais vierge de toute destinée
que celle aléatoire et fortuite du seul hasard :
à la croisée du doute et de l'incertitude.
Ne leur reste, alors, que le pari tressé
de désir, d'espérance et de rêve
de tendresse et d'amour
de libre poésie bien sûr,
de vérité donc,
en réponse à toute énigme.
Nos vies sont celles des comètes
qui sillonnent les abîmes de l'infini :
comme elles, nous usons notre bref temps de vie
pour un panache de lumière
aussi éphémère
que singulier.
Pour toi, Fred !
15 mai 2018
à Chaminadour.
Bernard Blot, d'un recueil à venir
Photo, Bernard Blot sur la Petite Creuse © Alice Blot